# Nos entretiens


  Nous poursuivons ici le cycle « Végétal ».     L’eau et la terre entretiennent avec la pousse infinie de la vie des arbres des rapports d’amour/haine. Dans ce numéro 112 de Filigranes nous choisissons l’élégie et notre appréhension de la fable de La Fontaine réserve des surprises au lecteur. Celui-ci est appelé à s’identifier aux personnages que La Fontaine a campés pour illustrer un paradoxe : « C’est le plus fort qui est le plus fragile », opposant faiblesse et puissance dans un de ses dialogues ordinaires où il affronte la cour de Louis XIV. La logique serrée de la fable a peut-être éloigné les auteurs. Ont-ils préféré prendre des chemins de traverse plutôt qu’affronter le dénouement qui condamne le chêne à périr ? Ils deviennent ici spectateurs de la nature, se cachent dans les arbres, partagent la vieillesse et la finitude, s’émeuvent du destin qui attend le chêne malgré́ […]

N°112 « Le chêne et roseau » (Végétal vol 2 – 2023)


« À l’échelle » (Focales vol. 1)   « Les yeux, quand ils s’ouvrent, découpent dans le visible comme un ordre du réel » Marc Le Bot (1) Écrire, c’est regarder le monde et ses paysages, c’est ressentir des émotions, imaginer, anticiper, se souvenir, construire et déconstruire, chercher les mots. Écrire, c’est bâtir et, ce faisant, c’est penser. Sur ce constat s’ouvre une nouvelle série pour Filigranes, trois volumes consacrés au terme, polysémique s’il en est, de focales. Aussi, nous voici pour commencer à traiter d’échelles. Plus tard il sera question de champs et de hors-champs, enfin du sujet écrivant, lisant, produisant lequel « tient l’appareil ». o o o   L’écriture comme fabrique est un monde intermédiaire entre le réel et nous, dit Marco Martella 2. Mais ne s’agira-t-il dans ce présent moment de géométrie poétique que de balayer du regard la gamme de nos choix afin d’un peu mieux savoir ce qu’écrire signifie […]

N°108 « À l’échelle » vol 1 – « Série Focales » 07/21



    « Est – Ouest et retour » à Nathalie Ferrier, notre amie si jeune perdue « Rien ne disparaît de ce qui a dû être abandonné  » Henri Wallon Tout a commencé par un pressant défi de Nathalie Ferrier, en poste au Centre Culturel français de Moscou : ce serait bien si les liens déjà tissés entre Moscou et Marseille perduraient dans un autre numéro de Fili (1) ! Faisons mieux connaissance avec nos littératures respectives. Offrons-nous réciproquement des textes d’auteurs auxquels nous tenons, représentant pour nous ce que nous aurions envie de faire savoir aux autres. Et à partir de là, chacun pourrait choisir et écrire en écho, en écart, en voisin ou en étranger. Les textes seraient comme des miroirs où se mirer, se reconnaître autre ou pareil… Les « prétextes  » joueraient le rôle de tremplin, d’apport, d’horizon en trouvant leurs destinataires. Tout cela était bel et bon. Mais […]

Urgence Ukraine / Retour sur Filigranes 65 (2005)


Fenêtre ouverte sur la vie et les projets des créateurs, Cursives est l’occasion de rencontrer ce que Jean Dubuffet appelle des « Les hommes du commun à l’ouvrage ». La rubrique Cursives s’est imposée à Filigranes dès le numéro vingt-deux. Elle est née du désir de mettre en lumière les réflexions, les motivations, les études et travaux préparatoires qui construisent les textes donnés à lire dans la revue et que ceux-ci ne laissent pas toujours soupçonner. Personne ne peut faire l’économie d’une interrogation sur le sens de son activité dans une société donnée. La raison d’être d’une création, qu’elle relève ou non de l’écriture, réside sans aucun doute dans la conscience que le créateur a de sa propre finitude mais aussi dans le bonheur qu’il peut éprouver à libérer ses rêves, à jouer à sa manière avec le langage, à rencontrer autrui à travers ce qu’il produit et publie… Dans Cursives l’écriture […]

Cursives, les entretiens de Filigranes



  Une rencontre avec Serge Plagnol, né en 1951, vivant à Toulon, peintre et ancien professeur à l’école des Beaux-Arts de Nîmes. Il est venu au séminaire de mai2019 de Filigranes en apportant quelques toiles récentes. Après quelques questions comme entrée en matière, nous avons écrit à partir de ses tableaux puis poursuivi l’échange avec lui. Les oeuvres de Serge Plagnol ont été exposées dans différentes galeries et sont visibles sur FB et divers sites   Cursives 103 Serge Plagnol .        

Serge Plagnol « La peinture, c’est une surface qui interroge la profondeur. »


  « Je suis née dans une famille italiano-russe où le maître mot était : créer et être soi-même » Un entretien avec Dominique Lombardi, écrivaine, journaliste, cinéaste…   C’est dans un tourbillon de pratiques créatives que nous entraine Dominique Lombardi, tour à tour écrivaine, reporter de guerre, cinéaste, musicienne et collection-neuse d’objets de toutes sortes. D’où vient cette « folie créatrice » ? Est-elle conciliable avec une vie d’épouse et de mère ? Le lecteur de Filigranes découvrira au fil de l’entretien ce qui fait lien et qui s’appelle chez Dominique Lombardi « désir de vivre intensément », « rapport à l’autre » et quête de ce que l’Histoire et sa grande hache » (Perec) nous a ravi ».       – 1 – Entre stylisme, journalisme et cinéma Filigranes : Tu as, très jeune, multiplié les activités… Dominique Lombardi : Oui… Autour de 1980, j’ai créé Galène Roucas, une marque de stylisme, ayant été à bonne école […]

« Je suis née dans une famille italiano-russe où le maître mot était : créer ...



Entretien réalisé le 7 juillet au Centre social /Maison pour tous Saint Mauront Léo Lagrange Méditerranée de la rue Félix Pyat MARSEILLE   Filigranes a rendez-vous aujourd’hui au centre social Léo Lagrange, dans le 3e arrondissement de Marseille, rue Félix Pyat, à deux pas du métro National, pas très loin de l’autoroute qui surplombe le quartier où se juxtaposent maisons anciennes et immeubles plus récents, notamment le siège d’Orange. Dans la cour du centre, une zone a été réservée pour un jardin dont s’occupe Mohamed Barka, oasis de verdure au milieu du béton. Non loin du centre social, un jardin partagé éphémère, appartenant à la Soleam et dont la gestion a été confiée à la Maison Pour Tous St Mauront est entretenu amoureusement par une dizaine de familles du quartier.  En ce début de juillet, il y a des tomates, des courgettes, des aubergines, des haricots, les plants de courge […]

Le tapis à histoires (Centre social /Maison pour tous Saint Mauront – Marseille)


Cursives parus dans le N°98 Dans les parages du mythe « Rejouer le monde »   Je suis née à Marseille, en 1960. Marseille c’est ma ville, c’est toute mon enfance et toute ma vie, jusqu’ à aujourd’hui encore. Sauf, un épisode parisien, de deux années et quelques mois, à la fin des années 80. Le mime était déjà mon métier, et je voulais découvrir de nouvelles pratiques. J’ai notamment fait un stage avec Ludwik Flaszen, cofondateur avec Jerzy Grotowski du Théâtre Laboratoire. Fin des années 90, j’ai créé le Garance Théâtre, une structure pour produire mes spectacles. J’ai choisi Garance par référence au personnage féminin dans Les enfants du paradis de Marcel Carné. C’est un film sur la vie de Jean-Gaspard Debureau, le fameux mime du XIXe siècle et le créateur du Pierrot.   Quelle a été votre première rencontre avec le mime ? Ç’a été une photo. Après le bac, […]

Anne Chiummo, artiste mime



    Filigranes est allé rencontrer le sculpteur, peintre, calligraphe et poète Thierry Hamy dans son atelier à La Garde (Var), ouvert au public. Nous sommes aussi allés voir la statue monumentale qu’il a réalisée à Bormes-les-Mimosas et les œuvres  des enfants de Signes réalisées sous sa direction. Après une petite enfance au Sénégal, Thierry a presque toujours vécu dans l’agglomération toulonnaise. Mais il a effectué un séjour très marquant à Calcutta chez Mère Teresa  à l’âge de vingt ans, avec des haltes au retour en Israël, en Jordanie et en Égypte, où il a vécu de ses talents de portraitiste et offert ses services à différentes communautés. Au fil de ses expositions et des cours à ses élèves, ainsi que des spectacles associant calligraphie et chanson auxquels il a participé, il a eu  l’occasion de partager cette passion de la beauté qui le fait vivre et c’est de cela […]

Thierry Hamy, sculpteur et poète


Cet entretien est paru dans Fili N°1.0.1. Filigranes ouvre ses pages à Bernard Joseph pour une carte blanche . C’est le photographe et autodidacte que nous accueillons, mais aussi celui qui a été Président du Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de-Calais, de 1998 à 2003. Il est membre de deux collectifs de photographes : « Pour Voir » et « Territoire sensible ». Bernard Joseph a coordonné le numéro de la revue « Sensible » consacré à « l’autoportrait photographique ». Il est l’auteur de Léda, portfolio en écho avec le texte de Paul Eluard, ainsi que Des Visages, un essai photographique sur la déshérence de jeunes adultes (Mission Photo- graphique Transmanche). Les photos qui ornent ce numéro sont extraites des séries Choses (en cours) (p.16) et Les jardins de mon père (p.41) produites en collaboration avec Gisèle Bienne, auteure rémoise. Bernard Joseph va aussi publié Sur les traces de Thomas Bernhard. Il a exposé en France […]

Faux semblants – Bernard Joseph




Cursives 68 Entretien avec Markus Arnold   Qui êtes-vous, Markus Arnold ? Markus Arnold : J’ai 26 ans. Je suis pour 2 ans lecteur d’allemand à l’école normale supérieure de Lyon. J’ai fait des études de philologie romane et de lettres anglais en Allemagne et suis actuellement en thèse de littérature comparée. A Lyon, je travaille entre autres avec des étudiants qui se préparent à l’agrégation et sont censés être très forts en allemand ! Filigranes : Pourquoi as-tu un jour décidé d’apprendre le français ? MA : D’abord par nécessité scolaire, il me fallait une troisième langue au lycée, puis par goût. Au-delà de l’aspect linguistique, il y a la civilisation, la culture, les échanges que j’ai connus vers l’âge de quinze ou seize ans : mes premiers vrais contacts en tant qu’individu, sans commune mesure avec les voyages en famille, les films, les médias. Passer sept semaines en […]

Donner une voix à la périphérie / Les littératures post-coloniales – ...



Cursives 67 Entretien avec Francis Finidori (c) (Photos Francis Finidori – Tous droits réservés) Jean Amado ? J’ai dû le rencontrer en 1950 chez René Benlisa. À l’époque, je travaillais sur les quais de Marseille et un jour, en rentrant à pied, je trouve un petit cube en maçonnerie. Il y avait là un café dont les murs étaient constellés de ganches, en ex-voto. Ces instruments de dockers étaient engagés contre quelques verres. Le patron servait les pastis avec des brocs en forme de phallus, il n’était pas peu fier de ces pièces uniques. Je vois aussi des peintures d’une dureté, d’une fermeté qui m’ont fait penser à Artaud. – C’est mon fils, dit le patron. – Je peux le rencontrer ? Après un premier contact, par téléphone, il m’invite à déjeuner du côté de Saint-Marc Jaumegarde…  Et je découvre une production encore différente, des projets de céramique… On devient […]

Jean Amado ? J’ai dû le rencontrer en 1950 chez René Benlisa – ...


Cursives 66 Entretien avec José-Flore Tappy   José-Flore Tappy est née à Lausanne en 1954. Elle travaille dans la recherche littéraire et l’édition de textes à partir d’archives d’écrivains, au Centre de recherches sur les lettres romandes (Université de Lausanne). Elle a conçu et réalisé l’exposition Jaccottet poète qui présentait en 2005 à Lausanne d’une part les années de formation de Jacottet et ses interlocuteurs privilégiés – maîtres, amis, artistes, éditeurs -, d’autre part son travail d’écrivain à partir d’un choix de manuscrits. En collaboration avec Marion Graf, elle a réalisé une Anthologie de la poésie en Suisse romande depuis Blaise Cendrars, publiée en 2005 chez Seghers. Elle a publié 4 recueils de poèmes Errer mortelle, Pierre à feu, Terre battue et Lunaires et un cinquième recueil intitulé Hangars va paraître à l’automne 2006. Elle a écrit également des textes consacrés à des artistes et traduit des poètes de langue […]

Une ignorance jamais comblée – Entretien avec José-Flore Tappy



  Filigranes propose dans ce Cursives  62 (2004) un entretien avec Antoinette Battistelli, professeur des écoles et maître formateur.   L’échange porte sur les liens entre démarche pédagogique  et démarche créatrice. Antoinette Battistelli est plasticienne à ses heures, elle participe aux travaux du GFEN Provence, elle conçoit et anime avec ses pairs des ateliers de création, mais surtout elle invente pour ses élèves de Cours élémentaire (7/8 ans) et ses stagiaires de l’IUFM des situations d’apprentissage appuyées sur l’activité créatrice. L’entretien fait suite à une matinée passée en classe avec elle et ses élèves. Créer, c’est accumuler et transformer Filigranes : L’idée que nous avons en tête, c’est celle d’une comparaison possible entre la pédagogie comme acte de création et la création proprement dite, plastique notamment. C’est la première fois que nous abordons cette question dans Filigranes. Quels parallèles vois-tu ? Antoinette Battistelli : Je me suis souvent interrogée sur […]

La pédagogie est-elle une création ? – Un entretien avec Antoinette Battistelli


Filigranes N°60 « Le don du texte » Novembre 2004 Martine Hosselet-Herbignat est citoyenne belge, volontaire dans le mouvement ATD Quart-Monde depuis 1980. En 1988, avec Pierre, son mari, elle crée « La maison des Savoirs » à Bruxelles où elle anime jusqu’en 1994 l’atelier « Art et Poésie ». Depuis, ils ont rejoint, avec leur famille, l’antenne du mouvement ATD Quart Monde à Marseille où Martine est plus particulièrement en charge du dialogue interculturel et des relations avec des personnes engagées dans la lutte contre la pauvreté tout autour de la Méditerranée. Elle a écrit 2 romans, Clin d’œil à l’ami Picasso (1996, éd. Quart-Monde), dont l’action est située à Bruxelles, et A la première personne (2003, éd. de l’Harmattan) dont l’action est située à Marseille.   1. Qu’est-ce qui t’a poussée à écrire ton premier livre ? Après avoir vécu pendant plusieurs années une expérience très forte de partages et d’actions avec les familles en […]

« La maison des Savoirs » à Bruxelles – Martine Hosselet-Herbignat