@Femmes


« Je suis née dans une famille italiano-russe où le maître mot était : créer et être soi-même » (Dominique Lombardi)

  « Je suis née dans une famille italiano-russe où le maître mot était : créer et être soi-même » Un entretien avec Dominique Lombardi, écrivaine, journaliste, cinéaste…   C’est dans un tourbillon de pratiques créatives que nous entraine Dominique Lombardi, tour à tour écrivaine, reporter de guerre, cinéaste, musicienne et collection-neuse d’objets de toutes sortes. D’où vient cette « folie créatrice » ? Est-elle conciliable avec une vie d’épouse et de mère ? Le lecteur de Filigranes découvrira au fil de l’entretien ce qui fait lien et qui s’appelle chez Dominique Lombardi « désir de vivre intensément », « rapport à l’autre » et quête de ce que l’Histoire et sa grande hache » (Perec) nous a ravi ».       – 1 – Entre stylisme, journalisme et cinéma Filigranes : Tu as, très jeune, multiplié les activités… Dominique Lombardi : Oui… Autour de 1980, j’ai créé Galène Roucas, une marque de stylisme, ayant été à bonne école avec des parents plasticiens, et aussi parce que j’aimais dessiner ! J’aimais les vêtements originaux. Même si je ne savais pas coudre, j’ai appris sur le tas, je me suis fait des vêtements, ça a plu à des copines. Mais j’ai aussi très vite publié dans les journaux et magazines. Dans Pupitres, d’abord où j’étais rédactrice en chef adjointe. Le mag avait été créé par une copine et s’occupait de la pratique amateur (musique essentiellement classique). Elle cherchait quelqu’un qui ait des notions de musicologie. Dans Le journal du […]


Le tapis à histoires (Centre social /Maison pour tous Saint Mauront – Marseille)

Entretien réalisé le 7 juillet au Centre social /Maison pour tous Saint Mauront Léo Lagrange Méditerranée de la rue Félix Pyat MARSEILLE   Filigranes a rendez-vous aujourd’hui au centre social Léo Lagrange, dans le 3e arrondissement de Marseille, rue Félix Pyat, à deux pas du métro National, pas très loin de l’autoroute qui surplombe le quartier où se juxtaposent maisons anciennes et immeubles plus récents, notamment le siège d’Orange. Dans la cour du centre, une zone a été réservée pour un jardin dont s’occupe Mohamed Barka, oasis de verdure au milieu du béton. Non loin du centre social, un jardin partagé éphémère, appartenant à la Soleam et dont la gestion a été confiée à la Maison Pour Tous St Mauront est entretenu amoureusement par une dizaine de familles du quartier.  En ce début de juillet, il y a des tomates, des courgettes, des aubergines, des haricots, les plants de courge occupent une place imposante. Il y a aussi des fleurs, des plantes aromatiques, et le jardin est équipé de sièges confortables. Mais il fait trop chaud pour rester au jardin et l’entretien se déroule au centre social avec Amande Le Blanc, la responsable du secteur familles du centre, Samia Azizi, conteuse et membre de l’association ACELEM, qui anime l’espace lecture du quartier, et trois personnes qui ont participé à l’aventure du tapis à histoires, Zineb, Sahada et Husna, d’origine maghrébine, comorienne et kenyane. Nana et Fatima, bénévoles responsables de […]


Anne Chiummo, artiste mime

Cursives parus dans le N°98 Dans les parages du mythe « Rejouer le monde »   Je suis née à Marseille, en 1960. Marseille c’est ma ville, c’est toute mon enfance et toute ma vie, jusqu’ à aujourd’hui encore. Sauf, un épisode parisien, de deux années et quelques mois, à la fin des années 80. Le mime était déjà mon métier, et je voulais découvrir de nouvelles pratiques. J’ai notamment fait un stage avec Ludwik Flaszen, cofondateur avec Jerzy Grotowski du Théâtre Laboratoire. Fin des années 90, j’ai créé le Garance Théâtre, une structure pour produire mes spectacles. J’ai choisi Garance par référence au personnage féminin dans Les enfants du paradis de Marcel Carné. C’est un film sur la vie de Jean-Gaspard Debureau, le fameux mime du XIXe siècle et le créateur du Pierrot.   Quelle a été votre première rencontre avec le mime ? Ç’a été une photo. Après le bac, une amie en week-end de stage de mime avec Jacques Durbec, m’a montré une photo d’une fille, le visage maquillée. Ce visage tout blanc a provoqué une émotion. Jacques Durbec avait une compagnie, le Mime Théâtre de Marseille. Je me suis inscrite à ses cours. Il a été mon premier professeur. En 82, j’intègre sa compagnie qui s’installe dans un nouveau lieu, La Nef. Une ancienne église. Au début, je voulais faire de la peinture. C’était pour ça que je m’étais inscrite aux Beaux-Arts de Marseille. Mais j’aimais déjà […]


Une ignorance jamais comblée – Entretien avec José-Flore Tappy

Cursives 66 Entretien avec José-Flore Tappy   José-Flore Tappy est née à Lausanne en 1954. Elle travaille dans la recherche littéraire et l’édition de textes à partir d’archives d’écrivains, au Centre de recherches sur les lettres romandes (Université de Lausanne). Elle a conçu et réalisé l’exposition Jaccottet poète qui présentait en 2005 à Lausanne d’une part les années de formation de Jacottet et ses interlocuteurs privilégiés – maîtres, amis, artistes, éditeurs -, d’autre part son travail d’écrivain à partir d’un choix de manuscrits. En collaboration avec Marion Graf, elle a réalisé une Anthologie de la poésie en Suisse romande depuis Blaise Cendrars, publiée en 2005 chez Seghers. Elle a publié 4 recueils de poèmes Errer mortelle, Pierre à feu, Terre battue et Lunaires et un cinquième recueil intitulé Hangars va paraître à l’automne 2006. Elle a écrit également des textes consacrés à des artistes et traduit des poètes de langue espagnole ainsi que la poétesse russe Anna Akhmatova. Elle a bien voulu prendre le temps de répondre à nos questions.   Une ignorance jamais comblée   Filigranes : Vous avez déjà derrière vous 4 recueils de poésie publiés et un livre écrit en collaboration avec un sculpteur. Y a-t-il eu un moment inaugural où vous avez pris conscience que vous étiez poète ou bien est-ce venu progressivement, peut-être grâce en partie au regard d’autrui ? José-Flore Tappy : J’ai toujours eu de la peine à me désigner comme « poète ». Le […]


La pédagogie est-elle une création ? – Un entretien avec Antoinette Battistelli

  Filigranes propose dans ce Cursives  62 (2004) un entretien avec Antoinette Battistelli, professeur des écoles et maître formateur.   L’échange porte sur les liens entre démarche pédagogique  et démarche créatrice. Antoinette Battistelli est plasticienne à ses heures, elle participe aux travaux du GFEN Provence, elle conçoit et anime avec ses pairs des ateliers de création, mais surtout elle invente pour ses élèves de Cours élémentaire (7/8 ans) et ses stagiaires de l’IUFM des situations d’apprentissage appuyées sur l’activité créatrice. L’entretien fait suite à une matinée passée en classe avec elle et ses élèves. Créer, c’est accumuler et transformer Filigranes : L’idée que nous avons en tête, c’est celle d’une comparaison possible entre la pédagogie comme acte de création et la création proprement dite, plastique notamment. C’est la première fois que nous abordons cette question dans Filigranes. Quels parallèles vois-tu ? Antoinette Battistelli : Je me suis souvent interrogée sur les raisons pour lesquelles, à titre personnel, je crée si peu plastiquement et sur la place qu’occupe dans ma vie ce que je fais en classe avec mes élèves, que je considère comme des créations. Un premier élément qui à mes yeux fait lien, c’est la notion de transformation. En création, on ne part pas de rien (je pense à Picasso allant voir les Inuits et les Africains avant de peindre ses portraits), en pédagogie non plus. Quand je lis telle ou telle séance dans le livre du maître, […]


« La maison des Savoirs » à Bruxelles – Martine Hosselet-Herbignat

Filigranes N°60 « Le don du texte » Novembre 2004 Martine Hosselet-Herbignat est citoyenne belge, volontaire dans le mouvement ATD Quart-Monde depuis 1980. En 1988, avec Pierre, son mari, elle crée « La maison des Savoirs » à Bruxelles où elle anime jusqu’en 1994 l’atelier « Art et Poésie ». Depuis, ils ont rejoint, avec leur famille, l’antenne du mouvement ATD Quart Monde à Marseille où Martine est plus particulièrement en charge du dialogue interculturel et des relations avec des personnes engagées dans la lutte contre la pauvreté tout autour de la Méditerranée. Elle a écrit 2 romans, Clin d’œil à l’ami Picasso (1996, éd. Quart-Monde), dont l’action est située à Bruxelles, et A la première personne (2003, éd. de l’Harmattan) dont l’action est située à Marseille.   1. Qu’est-ce qui t’a poussée à écrire ton premier livre ? Après avoir vécu pendant plusieurs années une expérience très forte de partages et d’actions avec les familles en grande pauvreté, je me suis dit qu’il fallait que j’écrive quelques chose qui mettrait en scène des personnages très proches de ceux que je connaissais. Le roman me permettait de donner à la fois une profondeur aux personnages tout en me laissant la liberté de combler les vides de l’histoire par ce qui venait de moi. Je pouvais puiser dans ma vie, dans mon expérience, pour faire se rejoindre les différentes histoires. En effet, souvent, les personnes très démunies ne se rappellent pas ou n’ont pas gardé de traces […]


« Créations croisées, savoirs solidaires ». – Entretien avec Karyne Wattiaux

Paru dans Cursives N°58 Filigranes a rencontré Karyne Wattiaux, conseillère pédagogique en alphabétisation, animatrice d’ateliers d’écriture et écrivain et Mariska Forrest, plasticienne. Elles évoquent ici leur utopie des mercredis soir : un étonnant projet d’écriture dans lequel un public mixte de « lettrés » et « d’illettrés » écrit et produit plastiquement et finit par publier une dizaine de livres… Un projet dont le récit et l’analyse  nous éclairent sur la fertilité du principe de coopération et nous invitent à inscrire la création dans le long temps du partage.   Commençons par la fin. Vous arrivez au terme d’un projet de cinq ans et demi. Karyne Wattiaux : Oui, c’est une boucle qui se referme sur une suite de petits  projets qui n’en forment qu’un : mettre en œuvre des projets collectifs tout en permettant à chacun d’expérimenter et d’acquérir des savoir faire tant artistiques que solidaires. Au début du projet, nous ne savions pas que nous étions au commencement d’aventures multiples qui nous conduiraient jusqu’à aujourd’hui. Durant toutes ces années, nous nous sommes arrêtés tous les trois à six mois. C’est lors de ces bilans qu’ensemble, nous décidions de poursuivre ou pas et si oui sur quelles bases de travail. Ces moments permettent à chacun de se repositionner par rapport à ce qu’il a produit, ce qui a eu lieu. De repartir vers d’autres possibles décidés ensemble. Ce petit peuple de l’utopie qui gravite autour du projet Filigranes : Qui participe à ce groupe […]


« Écrivain public, auteur conseil » – A propos d’un diplôme universitaire mis en place par l’Université de Toulon La Garde

Cet entretien est paru dans Filigranes n°57 « Ici, midi » Novembre 2003 Nous présentons ici l’entretien qu’on mené à distance, par courriers interposés, deux étudiantes du D.U. d’écrivain public / auteur conseil avec trois de leurs enseignants.  Michèle Monte, Odette et Michel Neumayer répondent aux questions de Sylvie Combe et de Gislaine Ariey. Aux origines  de cette formation Dans quelles circonstances la Faculté de Toulon a-t-elle fait appel à vous ? Savez-vous pourquoi ? Michèle Monte : L’Université de Toulon a fait appel à moi pour imaginer la formation d’écrivain public, parce que j’animais des ateliers d’écriture à la Faculté de Lettres et peut-être aussi parce qu’on connaissait mon engagement social auprès de personnes en difficulté. Je me suis alors intéressée à la profession d’écrivain public et j’ai découvert qu’elle était en plein renouveau, il m’a donc semblé qu’il était pertinent de proposer une formation à ce métier, et j’y ai été encouragée par les écrivains publics que j’ai contactés. En quoi celle formation vous parait-elle pertinente ? Michèle Monte : Si l’on compare le D.U. de l’Université de Toulon avec la licence professionnelle proposée à l’Université de Paris III, il y a d’évidents points communs qui résultent de la nature même de la profession : celle-ci nécessite une polyvalence d’où une formation pluridisciplinaire où le droit social, le droit fiscal ou le droit des associations côtoient la bureautique, les pratiques rédactionnelles, l’entraînement à la recherche historique ou à l’interview. Mais l’originalité […]


Traductrice…   Entretien avec Myrto Gondicas

Cet entretien est paru dans Filigranes n°42 « Balade chez les Anciens » Janvier 1999   Filigranes a rencontré Myrto Gondicas, traductrice. Comment devient-on traductrice ? Quel est le projet du traducteur, quel est celui de l’éditeur ? Que signifie « traduire » ? Quelle serait la juste distance avec les textes anciens ? Que signifie rendre « lisible » un texte pour un lecteur contemporain ? Voici quelques unes des réflexions qui, à n’en pas douter, feront écho.   Filigranes : Myrto Gondicas, tu es traductrice et tu as travaillé pour différentes maisons d’édition. Combien d’ouvrages as-tu traduits ? Myrto Gondicas : J’ai traduit deux ouvrages de l’américain mais mon activité a été surtout consacrée à la traduction d’œuvres en grec ancien. J’en ai traduit six dont deux en collaboration. « Histoire d’un bébé » Filigranes : Comment en es-tu venue à la traduction « professionnelle » ?       M.G. : Par des rencontres, par des hasards heureux. La première fois, c’était pendant une des périodes difficiles de ma vie. J’ai revu quelqu’un que j’avais croisé et que mon frère avait croisé quand nous avions tous les deux douze ans, dans une perspective d’orientation scolaire, et aussi parce qu’il faisait des recherches sur les jumeaux. C’est René Zazzo, le psychologue connu du grand public pour ses recherches sur les jumeaux mais qui s’est intéressé à beaucoup d’autres sujets, quelqu’un de très curieux, de très ouvert et de très intéressant. Quand je l’ai revu, cela m’a fait beaucoup de bien. Et puis un jour, il m’a […]


Entonner quelques airs – Entretien avec Agnès Petit, chanteuse

Cet entretien est paru dans Filigranes n°26 « Folies plurielles » Juin 1993 Agnès Petit, née au pays des cigales il y a trente ans. Chante sous le soleil et malgré la bise dans les choeurs de l’Opéra de Toulon. Je célèbre la voix mêlée de couleur grise Qui hésite aux lointains du chant qui s’est perdu Comme si au-delà de toute forme pure Tremblât un autre chant et le seul absolu Yves Bonnefoy   Les balbutiements Filigranes : Quand  as-tu commencé à chanter ? Agnès Petit : En professionnel, depuis deux ans. En amateur, depuis cinq ans. J’avais toujours eu envie de chanter mais je ne l’avais pas fait car je ne me l’autorisais pas. Une fois que j’ai découvert le chant je ne me suis plus arrêtée. Filigranes : Et le choix professionnel ? Agnès Petit : Le choix professionnel est un hasard et une chance. Mes débuts dans les choeurs furent un palliatif aux périodes de chômage. Ma formation initiale ne débouchait sur aucun emploi, en revanche le chant me permettait de travailler. N’ayant rien à perdre j’ai saisi l’occasion d’un premier contrat et ensuite ils se sont enchaînés. Maintenant je crois que je ne pourrais plus vivre sans chanter. Filigranes : Et écrire ? Agnès Petit : Vers douze ans. J’ai eu un désir et un besoin d’écriture poétique. Filigranes : À partir du moment où tu as commencé, as-tu écrit régulièrement ? Agnès Petit : Oui. […]


« Construire des significations à des mots existants » (Teresa Assude)

Un entretien avec Teresa ASSUDE, membre du collectif de Filigranes, enseignante et chercheur en didactique des mathématiques.   A propos d’écriture en didactique des mathématiques et d’écriture poétique TA : En didactique ou en poésie quand j’essaie de créer, il y a toujours un temps de maturation. Tout dépend de la manière dont chacun vit le travail. Moi, je vis dans la lenteur en ce qui concerne la création. Parfois j’ai l’impression que j’ai avancé, et quand je relis, je m’aperçois que je n’ai pas avancé du tout. Je traîne, je traîne, ou j’écris à quelqu’un ou je n’écris rien. Puis, un peu plus tard, cela peut aller très vite. Les jours où je suis restée « sans rien faire », c’est une période où quelque chose a mûri, mais qu’ai-je fait pour cela (à part me donner le temps) ? Même s’il y a des choses que je ne comprends pas dans la création, je pense que celle-ci n’est pas magique : le travail et la volonté de créer y sont pour quelque chose.   Lire la suite : « Construire des significations à des mots existants » Entretien avec Teresa Assude, chercheure en didactique des mathématiques et pédagogie. Auteur de Filigranes. (N°22).


« Ecrivain public et biographe » (Marie-Christine Ingliardi)

Ecrivain Public et Biographe Un entretien avec Marie-Christine INGIGLIARDI   Écrivain public : « Nom masculin bien que souvent féminin… Sorte de porte-plume doté d’oreilles bienveillantes et attentives, utile lorsqu’on trouve les mots pour le dire mais pas ceux pour l’écrire. Domaines d’intervention : de la lettre de motivation au roman, du recours administratif au poème, du rapport de stage à la lettre d’amour, du mémoire aux Mémoires… » Telle est la définition que Marie-Christine INGIGLIARDI, écrivain public et biographe à Sisteron, donne de son métier. Un métier qu’elle évoque ici pour les lecteurs de Filigranes…    Filigranes : En quoi consiste votre travail d’écrivain public et biographe ? Quelles sont vos différentes activités et qui sont vos clients ? Marie-Christine INGIGLIARDI : Tout d’abord, si je dis « Écrivain public »quand on me demande ce que je fais dans la vie, il faut bien reconnaître que ce n’est pas ce qui me fait vivre. Pour le bulletin de paye, j’ai d’autres activités qui tournent toutes autour de l’écriture (alphabétisation, soutien scolaire, communication…) mais ont en commun d’être décemment rémunératrices. Lire la suite « Ecrivain public et biographe » Entretien avec Marie-Christine Ingigliardi (N°54)  


« La femme de l’écrivain » (Aline Autin-Grenier)

La femme de l’écrivain… Entretien avec Aline Autin-Grenier Aline Autin-Grenier est enseignante de Lettres Modernes dans le Vaucluse où elle vit à la campagne avec l’écrivain Pierre Autin-Grenier depuis une vingtaine d’années. Elle a publié dans FILIGRANES Q : Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est d’aborder la question de l’écriture à travers ce que peut en dire une personne qui, comme toi, partage la vie d’un écrivain. Une personne qui occupe la position de témoin, de spectateur peut-être, face à un travail en cours. Autrement dit, de quoi témoigne « la femme de l’écrivain », ce personnage emblématique, à la fois irremplaçable et méconnu, cette figure de l’ombre sans laquelle bien des textes n’auraient pas vu le jour… Sur la scène littéraire et sociale A.A-G.: Depuis 3 ou 4 ans, Pierre est assez souvent invité à lire ses textes et à rencontrer le public. Il se déplace beaucoup pour quelqu’un qui n’est connu que dans un milieu littéraire restreint. Il a été invité à Caen, où François de Cornières organise les « Rencontres pour lire », à Châtenoy-le-Royal dans la banlieue de Chalon-sur-Saône, (non loin de Lyon où il a ses racines), et dans bien d’autres lieux encore…  Or, il lui est brusquement devenu impossible de se déplacer si je ne suis pas là. Invité récemment à Landreville (Aube), – c’était le premier week-end de la rentrée-, je dis : « tu prends la voiture », car étant donné la date et la distance ça […]


« Écrire ». (Marie-Françoise Belaïzi)

  « Ecrire » Entretien avec Marie-Françoise Belaïzi,   « Ce qui traverse nos explora–tions littéraires c’est bien sûr l’attention aux mots, mots qui sont le matériau de base de l’écrivain. Mais un matériau pour lequel j’éprouve une affection pro–fonde, un grand respect, et un attache–ment indéfectible. Si je me suis tournée vers les mots pour me soulager des misè–res de notre terre, c’est parce que je me suis dit : Je peux leur faire confiance. Si j’ai besoin d’eux, ils seront toujours là pour me consoler, pour m’ai–der, pour me tenir compagnie, quel que soit le lieu et l’heure de ma solitude. »           Ainsi s’exprime Marie-Françoise Belaïzi, qui vit et écrit à Manosque et qui a rejoint Filigranes récemment. Avec elle, « femme du commun à l’ouvrage », nous cheminons dans les arcanes d’un travail qui se présente comme d’une exploration avide et quasi-systématique des genres. Marie-Françoise Belaïzi évoque les moments de bonheur et de doute qui émaillent toute création et nous invite à nous atteler à notre tour à ce labeur quotidien sans lequel il n’y a pas d’œuvre.   Les débuts Filigranes : Depuis combien de temps écris-tu ? Marie-Françoise Belaïzi : Depuis bien–tôt 26 ans. Auparavant, je lisais un peu, occasionnellement. Je n’étais pas une passionnée de littérature. Mon écriture a commencé par une phrase. Une phrase isolée qui s’est impo–sée à moi. J’ai eu la conviction que je devais la transcrire, qu’il m’incombait de la livrer, non seulement parce qu’elle […]


« Une singulière envie de produire » (Christiane Lapeyre)

« Une singulière envie de produire » Entretien avec Christiane Lapeyre) Un entretien avec Christiane Rambaud, plasticienne.Dans l’entretien ci-dessous Christiane Rambaud, enseignante, puis plasticienne nous livre quelques-unes des étapes qui l’ont conduite des stages « création » du Groupe Français d’Education Nouvelle à la gravure sur pierre et sur bois, en passant par les aquarelles, les gouaches, l’acrylique. Cette recherche obstinée qui suppose « de toujours chercher ailleurs, plus loin, autre chose » (l’expression est empruntée au poète Jean Tardieu), est aussi une confrontation avec le sens du travail plastique et une interrogation sur ce que signifie « être artiste ».    L’aquarelle, aux origines de mon travail Ch. Rambaud : J’ai entrepris le travail de la pierre en 1995, c’est-à-dire 8 ans après mon démarrage avec les aquarelles. Il faut donc que je remonte aux origines. Je n’ai pas appris l’aquarelle à l’école ou aux Beaux-Arts, mais je l’ai découverte dans les stages du GFEN (Groupe Français d’Education Nouvelle) (1) en Provence. A l’époque, nous parlions d’aquarelle indocile et c’est bien vrai, tant elle part dans tous les sens et nous oblige à un fascinant travail de gestion de l’aléatoire. « Aquarelle : habits de lumière » me confronta au désir de maîtriser la lumière, la luminosité des couleurs et la transparence dans ce mélange où l’eau et les couleurs se repoussent sans cesse. Cette découverte faite, je me suis mise à travailler bien au-delà du stage, tous les jours, des années durant jusqu’à une première expo : […]


« Je n’avais réalisé que j’aurais pu apprendre à mon âge » (Claudette Berthon)

« Je n’avais jamais réalisé que j’aurais pu apprendre à mon âge … » Un entretien avec Claudette BERTHON, militante associative, membre de ATD Quart-Monde, auteur de FILIGRANES.   Q.-  Quand as-tu commencé à lire et à écrire ? Cl.B.-  Pour de bon, sérieusement, en 79-80. J’avais presque 40 ans. Dire que je ne savais pas lire du tout, c’est grossier, je savais déchiffrer, comme un enfant de 6 ans qui lit sans comprendre. C’était un rudiment, mais lire couramment, j’en étais incapable. Q.-  Ça a été quoi, le déclencheur ? Cl.B.- Je n’avais jamais réalisé que j’aurais pu apprendre à mon âge. A l’école, avec les professeurs, on se sentait un peu refoulés, je m’étais recroquevillée dans ma coquille. Peut-être que je ne sentais pas le besoin d’écrire. Le déclic, c’est qu’en commençant à militer, j’ai voulu goûter de tout, voir tout… Cl.B.-  Je faisais déjà partie des associations du quartier. J’aurais pu me contenter de savoir lire les titres du journal, écrire quelques phrases. Mais je me revois encore à une réunion de militants d’ATD Quart Monde à Marseille. Il y avait des femmes qui apprenaient à lire et qui avaient mon âge. Je me suis dit « Je suis pas plus bête qu’elles. » Ça a été le déclic  Life le suite : « Je n’avais réalisé que j’aurais pu apprendre à mon âge » Entretien avec Claudette Berthon, militante de la lecture et de l’écriture. Militante de ATD-Quart Monde. (N°35)


« Une entrée tardive en écriture » (Marie-Christiane Raygot)

Une  entrée tardive en écriture Entretien avec Marie-Christiane Raygot   Marie-Christiane Raygot vit dans le Var et a travaillé à la Bibliothèque Municipale d’Aubagne. Ecrivain (prix Luc Bérimont 1990), elle a publié « Territoire des échos » (Cahiers Froissart n°138), « Paysages d’Absentes » (La Bartavelle), Des coulisses de la nuit » (Revue Souffles n°50 /1992), ainsi que des textes épars dans Froissart, Jointure, Vents et marées, Traces, Filigranes, et Lieux d’Être   Une  entrée tardive en écriture M-Ch.R. : Pourquoi me suis-je mise à écrire ? A la suite d’un bouleversement. En 86, des amis très chers ont péri dans un accident de voiture. Un an après leur mort, une exposition de leurs sculptures a été organisée à Aubagne. A ce moment-là, je leur ai écrit une première lettre, puis un poème, et le flot a été libéré. Pour moi, c’était un refus de leur départ brutal et je continuais ainsi à leur parler. Quand j’écris, la mort est sous-jacente : c’est une fascination… La mort, c’est peut-être ce qu’il y a de plus important dans la vie. La poésie c’est plus la manière dont on dit les choses que les choses qui sont dites   M-Ch.R. : Saint-John Perse, dans la Pléiade, cela a été un déclic. J’ai lu ses textes, séduite par la beauté de ce qui se disait là. J’ai adoré cette luxuriance et je crois que mes premiers poèmes étaient dans la mouvance de Saint-John Perse. Aujourd’hui, la poésie […]