# Parus récemment


Fili 114 « Vent debout » – (Résistances – vol 1 – 2024)

Vent debout   « Mais si dure ou héroïque que soit la résistance, elle se condamne à l’échec, si elle s’enferme dans une logique d’affrontement, sans développer aussi et surtout de nouveaux mondes, ici et maintenant »    Résister, c’est créer (Florence Aubenas, Miguel Benassayag)   L’insupportable – Tenir bon – Paroles à prendre De registre en registre, ici même s’expriment bien des refus. Les colères sont tantôt rouges, tantôt noires. Nombre d’émotions s’offrent à lire au cœur du premier numéro d’une série de trois dont l’objet est d’explorer le terme de RÉSISTANCE. Dans « Vent debout », bien des textes font écho à ce qui est émoi en nous, à ce qui brûle. Aux mille-et-un lieux où se niche l’inconcevable. Bien des choses nous affectent : en refus, nous écrivons ! Il arrive de certains évènements que nous en soyons les témoins directs. D’autres faits, quand ils sont plus lointains, souvent nous parviennent par nos médias. Chaque fois différentes questions surgissent. Qu’est-ce qui nous émeut : ce qui est proche, ce qui choque, ce qui surprend ? Mais aussi, contradictoirement, qu’est-ce qui tue l’émotion : le trop plein d’informations, la recherche du sensationnel, le tourniquet des « narratifs » qui de semaine en semaine balayent écrans et unes ? De ce terme de RÉSISTANCE, pourtant médiatiquement si facilement cuit et recuit, certains aspects nous semblent, par facilité, trop souvent négligés. Disons-les ici !  Résister, c’est créer du lien et se réunir en sororité et fraternité. C’est penser non l’unique, […]


N°113 « Dans la forêt des songes » (Végétal – vol 3 – 2023)

Éditorial Après les labours d’Humus, les souffles et les élans forts ou fragiles du Chêne et du Roseau, Filigranes achève son chemin végétal dans La Forêt des songes. Dans aucun numéro de ce triptyque les arbres et leur charge de vie, de sens, et d’énergie ne sont absents ; mais dans la futaie de textes de celui-ci, ils déploient tous les sens, sensualité, sensibilité, significations, assument bien des enjeux pour ceux qui, les regardant, les voient, et les aiment, s’irritent des misères que nos choix trop souvent leur infligent ; ceux qui, envers et contre tout, en nourrissent leurs sèves et leurs rêves d’humains au monde, y trouvent des lignes de vie, de force, et de création. Au fil des pages de ce numéro, la forêt nous hante, nous enchante, nous emmène, loin du réel cru des villes, sur les pas des conteurs, et nous croisons Alice, un petit poucet, un ogre, Merlin et Viviane, un banyan griot pour la liberté, et d’autres ; alors, nous ne craignons plus les sorcières ; dans un pli du temps, nez en l’air, on croise des  anges en peau de ciel et des ballons espions dégonflés par un rêve de berger. Et, portés par les cimes vertes et les bras orants des arbres, nous nous approchons parfois des morts aimés, ou du soleil. Dans Cursives, Luc Blaison, guide ONF entre autres casquettes, nous remet les pieds sur terre, à travers le soin qu’il lui importe de […]


N°111 « Humus » ( Végétal – Vol 1 – 2022)

  Nous ouvrons notre cycle « végétal » avec un numéro « humus ».  Ce mot fleure bon les sous-bois humides, où les champignons poussent leurs têtes parmi les feuilles mortes en lente décomposition. Et c’est bien notre rapport à la terre nourricière que plusieurs textes viennent interroger : il s’agit, par l’écriture, de tisser des lie ns avec tous ces insectes, ces bactéries, ces micro-organismes qui ont transformé les roches en un sol nourrissant (1), accueillant aux graines et aux spores, il s’agit aussi de s’inquiéter des actions humaines qui mettent à mal ces processus complexes d’échange et de transformation. Avec ce numéro, nous nous redécouvrons comme terriens, tirés du sol 2, et nourris par ce qui y pousse et que nous cueillons ou cultivons. Mais cette terre maternelle n’en demeure pas moins mystérieuse puisqu’elle est matière hors langage et qu’il faudra tout notre travail d’écriture pour la mettre en mots, la rapprocher de nous tout en préservant sa spécificité. Certains apprennent à son école la patience de la germination, et, le regard posé sur le sol ou les herbes, s’émerveillent du dépliement des jeunes feuilles, de l’éclosion des plus humbles fleurs. D’autres, levant les yeux au ciel, se découvrent frères et sœurs des arbres. De l’humus à l’humain, il n’y a qu’une syllabe d’écart, et cette plongée dans le sol, autant qu’elle nous confronte à notre mortalité, ravive la question de nos racines, de ces éléments fondateurs […]


N°108 « À l’échelle » vol 1 – « Série Focales » 07/21

« À l’échelle » (Focales vol. 1)   « Les yeux, quand ils s’ouvrent, découpent dans le visible comme un ordre du réel » Marc Le Bot (1) Écrire, c’est regarder le monde et ses paysages, c’est ressentir des émotions, imaginer, anticiper, se souvenir, construire et déconstruire, chercher les mots. Écrire, c’est bâtir et, ce faisant, c’est penser. Sur ce constat s’ouvre une nouvelle série pour Filigranes, trois volumes consacrés au terme, polysémique s’il en est, de focales. Aussi, nous voici pour commencer à traiter d’échelles. Plus tard il sera question de champs et de hors-champs, enfin du sujet écrivant, lisant, produisant lequel « tient l’appareil ». o o o   L’écriture comme fabrique est un monde intermédiaire entre le réel et nous, dit Marco Martella 2. Mais ne s’agira-t-il dans ce présent moment de géométrie poétique que de balayer du regard la gamme de nos choix afin d’un peu mieux savoir ce qu’écrire signifie ? Non. Certes, cela nous interroge d’évoquer l’éventail, né souvent du hasard, de toutes ces échelles qui dans l’écriture nous poussent vers le ciel. Le désir nous habite d’identifier  celles qui subtilement nous attachent encore à la terre, qui nous cadrent aussi, voire nous enferment parfois. De comparer, texte à texte, nos manières de prélever des fragments d’histoire de nos vies et, comme au cinéma, les monter. S’ajoutera notre décision de voir le monde tel qu’il est ou feindre de ne pas voir. De comprendre comment à chaque fois, […]


N° 106 « Glanages » – 12/2020 – (Vol 2 – « Récup’ et maraudes »)

ÉDITO « Il n’y a pas de désir qui ne coule dans un agencement. Si bien que le désir, pour moi, ça a toujours été – si je cherche le terme abstrait qui lui correspond – (celui de) constructivisme ». Gilles Deleuze, Abécédaire « Depuis la nuit des temps, depuis Lucie, peut-être avant, vous parcourez le monde, franchissez les grandes failles, longez les lignes de crêtes comme autant de lignes de vie. Infatigables voyageurs, femmes en marche, hommes de la migration, enfants du dépaysement ». Entendez-le, il y a quelques années déjà, vous figuriez au sommaire d’un numéro. Il est vrai qu’en votre compagnie, vagants extravagants, nous rêvions de mondes où les savoirs seraient de miel et où, heureux, nous vous accompagnerions. C’étaient des temps anciens. Nostalgiques et fascinés, de saison en saison, nous replongions vers vos récits anciens, vers le rouge or brun des paysages traversés, vers le noir de vos corps rompus se pliant et ramassant leur nourriture, vers le jaune blême de vos gilets de pauvreté. Vous, sans-terre, sans-nom, glanant, “ramassant dans un champ les épis qui ont échappé aux moissonneurs, recueillant au hasard des bribes dont on peut tirer quelque avantage”2. Mais l’heure tourne. Nos exacerbations consommatrices, nos brutalismes3, nos conflits, nos oublis (nature et humains confondus) : quelles démesures, quels excès ! Posant nos pas dans les vôtres, c’est à une réinvention que nous travaillons. Aux débordements annoncés, humblement nous résistons. Votre mémoire, vos savoirs perdus, vos ruses […]


N°102 – Emprunts, empreintes (Vol 1 – Les quat’ z’arts) – 04/2020

                                        ÉDITO Emprunts, empreintes, « aubes des images » ! Sur le double registre de l’emprunt et de l’empreinte s’ouvre ce numéro. La formule semble aller de soi et les termes qui la constituent, chacun pris en lui-même, ne pas vraiment poser question. Mais que cachez-vous homophonies, si séduisantes d’en être presque parfaites ? Une cohérence assurément : celle du maillage humain, de notre dette à autrui, de nos attachements, je crois. Toujours précédée d’œuvres de toutes sortes, lesquelles en sont le terreau, aucune création ne naît; C’est parce qu’on a aimé qu’on souhaite refaire, qu’on cherche la proximité, une manière de retrouvaille, un héritage que l’on se reconnait. Alors foin des accusations. Répétition ? Plagiat ? Non, jamais, car oui, nous créons sous influence. [Je] veut être un autre et il l’est ! [Je] décide de prendre, de transformer, de poursuivre. [Je] signe et, en mon for intérieur, [Je] sais ce que [Je] dois ! Mais copier, emprunter, ne serait-ce pas tricher ? Imiter, c’est créer, rétorque Picasso. Van Gogh pensait à Millet, Degas aux grand maîtres, Giotto à Cimabue (1) ! Tableaux, musiques, photos, carnets, leur présence à nos côtés nous est essentielle. Ce sont aussi citations, références savantes, allusions qui font signe, et encore objets en échos. Toutes et tous ouvrent des espaces. Vers d’autres scènes, ils nous portent. […]


N° 103 – « Sur la corde raide » (Vol 2 – Les quat’ z’arts) 09/2019

                                              ÉDITO Si en ce début de siècle nouveau, la lecture semble devenue chose courante, l’écriture en revanche reste en retrait. Celles et ceux qui s’y adonnent sont certes nombreux mais aujourd’hui encore convenons qu’écrire (d’une autre manière que lire) nous sépare des autres. « Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi. Écarte de toi tout autre pensée. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. La porte, il vaut mieux la fermer ; de l’autre côté, la télévision est toujours allumée. Dis-le tout de suite aux autres : non je ne veux pas regarder la télévision (…) » écrivait en son temps Italo Calvino. La séparation que l’écriture provoque est complexe à cerner. Tout à la fois encensée, portée aux nues et mal vue, l’écriture perturbe l’ordre des choses. Oui, écrivant nous franchissons des lignes. Nous nous séparons à plus d’un titre : du commun, du temps présent, des sociabilités ordinaires. Ils n’aiment pas, nos proches, que nous nous abstrayions du présent, que nous nous vouions à quelque pratique obscure appelée « écrire », qu’à l’écoute de ce qui fait monde en nous, nous nous dérobions de leur regard, fuyant pour un temps le commun.Confiée à la nuit, aux carnets intimes, aux « amis » des réseaux sociaux, aux amants, l’écriture […]


N°99 « Vers le cent » – Vol 1 – 2018 – Une année particulière

    « Vers le 100 » « Une année particulière » vol 1 (2018)        » Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. » Blaise Pascal Longtemps, nous avons cru que la terre était plate et aujourd’hui encore certains le prétendent. Les mêmes pensent tout autant que le soleil tourne autour de nous. Juste avant 2000, nous avons été quelques-uns à croire que tout allait changer. Les uns prédisaient le grand bug, d’autres pensaient qu’incapables de compter juste, nos ordinateurs nous planteraient dans un XXème sans fin ! Entre ruptures et continuités, que savons-nous du temps ? Que retrouvons-nous en Filigranes, de numéro en numéro, de série en série : tant de visages, des textes, de paroles ! Il en est qui reviennent comme boomerangs. Ils portent encore si fort le parfum des non-dits, les masques qui exhaussent les rêves, les désirs enfouis qui s’avouent, les colères aussi qui se drapent. D’autres, que nous pensions perdus, soudain prennent de nouveaux atours et font tremplin. Lors d’un récent séminaire préparant le prochain numéro – le 100 – nous avons ainsi renoué avec le grain des pages, avec leurs teintes et leurs typos. Mais, parce l’événement n’est pas que numérique, voire numérologique, nous avons surtout voulu comprendre si changer de rang, passer des dizaines à la centaine métamorphosait notre désir de langue, de […]