Résistances


Fili 116 « Voies détournées » (Résistances – vol 3)

Voies détournées Ce N° 116 de Filigranes, qui termine la série Résistances et fait suite à Vent Debout et Lié Délié, nous propose d’emprunter les chemins creux, les ruelles de traverse, les voies sans issue. S’il est de notoriété publique que « le plus court chemin pour aller d’un point à un autre est la ligne droite », pouvons-nous affirmer que nos vies ont toujours suivi une route rectiligne ?  Nos existences, envers et contre tout, passent à travers des interstices, sortent des rails, telles des girouettes dans le tourbillon, prennent la tangente. Sur les chemins du oui, les chemins du non, personne ne nous empêchera de rêver au rire éblouissant de cet athlète dont on est tombée amoureuse pendant les jeux paralympiques. Marcher vers demain, où nous attendent, même avec nos corps blessés, abîmés et pourtant désirés, les forêts aux sources vives, les monts et les vallées, les sentiers qui grimpent et qui descendent… Nul chemin n’est droit, mais peut-être ne pas regarder en arrière. En dépit des guerres odieuses, des haines qui montent et de tous les maux qui accablent les humains et notre vieille terre si belle, entre éclats de voix et murmures, entre farces et drames, aller à l’essentiel. Repenser nos vies minuscules pour les écrire en MAJUSCULES. Avec constance, sur les sentiers de la paix, les chemins détournés, accepter de n’être qu’une femme, un homme pas si ordinaire, continuer avec ténacité à semer son petit grain […]


Fili 115 « Lié / délié » – (Résistances – vol 2 – 2024)

Lié, délié Edito Demain s’ancre au cœur d’aujourd’hui, comme une certitude que rien ne peut dessoucher, puisque je le dis, puisque je l’affirme, assène le poète 1. L’on s’autorise parfois la lassitude, du bout des lèvres : comment ne pas s’avouer que la tyrannie du passé et de notre temps nous accable ? Durant cet instant suspendu, aveuglés de réel, il nous arrive de fermer les yeux, de baisser les bras, de courber le dos… et pour l’arrondir encore mieux afin que glisse la vague du désespoir, nous nous campons sur nos deux jambes. Une fois encore, au moins, on lui a échappé, même si on reste silencieux et désenchantés, attendant le jour où nous reprendrons notre recherche : ensemble nous gratterons, creuserons, enfouirons une graine (est-ce elle, enfin ?) de laquelle s’exprimera notre indéracinable aspiration à la paix, celle d’un monde solidaire. D’autant plus vive que nourrie du heurt des jours. Sans plus de haine. Ainsi résistons-nous, cahin-caha, en dépit des épreuves. Les mots bleus, couleur d’orange ou arc-en-ciel, nous les portons aussi sans chichis comme bijoux ou chouchous. Tout simplement ils disent au quotidien notre présence au monde, ils nous disent reliés à nos rêves et à nos douleurs… qui chantent à nos boutonnières, tissés du fil qu’on abrite si soigneusement au creux de soi. Ne cherchez pas les héros, les éclats de rires et de larmes sont de simples touches de couleur sur fond de vertige. […]