@Entre les langues


Ukraine / Retour sur Filigranes 65 (2005)

    « Est – Ouest et retour » à Nathalie Ferrier, notre amie si jeune perdue « Rien ne disparaît de ce qui a dû être abandonné  » Henri Wallon Tout a commencé par un pressant défi de Nathalie Ferrier, en poste au Centre Culturel français de Moscou : ce serait bien si les liens déjà tissés entre Moscou et Marseille perduraient dans un autre numéro de Fili (1) ! Faisons mieux connaissance avec nos littératures respectives. Offrons-nous réciproquement des textes d’auteurs auxquels nous tenons, représentant pour nous ce que nous aurions envie de faire savoir aux autres. Et à partir de là, chacun pourrait choisir et écrire en écho, en écart, en voisin ou en étranger. Les textes seraient comme des miroirs où se mirer, se reconnaître autre ou pareil… Les « prétextes  » joueraient le rôle de tremplin, d’apport, d’horizon en trouvant leurs destinataires. Tout cela était bel et bon. Mais Nathalie, sans avis préalable, une mauvaise nuit de novembre, s’en est allée rejoindre les anges… Peut-être de là-bas veille-t-elle encore : le flambeau a été repris et les fils renoués grâce à l’engagement et à l’amicale ténacité de Carole Foullon, qui a tenu envers et contre tout à faire vivre le projet. Alors, elle a battu le rappel et nos lointains correspondants Oleg, Sacha, Olga, Inna, Micha, Sergueï, Irina et les autres – tous francophones et francophiles – se sont mis de la partie et ont envoyé leurs pages […]


Donner une voix à la périphérie / Les littératures post-coloniales – Entretien avec Markus Arnold

Cursives 68 Entretien avec Markus Arnold   Qui êtes-vous, Markus Arnold ? Markus Arnold : J’ai 26 ans. Je suis pour 2 ans lecteur d’allemand à l’école normale supérieure de Lyon. J’ai fait des études de philologie romane et de lettres anglais en Allemagne et suis actuellement en thèse de littérature comparée. A Lyon, je travaille entre autres avec des étudiants qui se préparent à l’agrégation et sont censés être très forts en allemand ! Filigranes : Pourquoi as-tu un jour décidé d’apprendre le français ? MA : D’abord par nécessité scolaire, il me fallait une troisième langue au lycée, puis par goût. Au-delà de l’aspect linguistique, il y a la civilisation, la culture, les échanges que j’ai connus vers l’âge de quinze ou seize ans : mes premiers vrais contacts en tant qu’individu, sans commune mesure avec les voyages en famille, les films, les médias. Passer sept semaines en France, sac à dos, tout seul, faire du stop, dormir dans les auberges de jeunesse, c’est le début d’un grand amour. . L’Île Maurice et les Mascareignes Filigranes : Peux-tu nous dire un mot de la recherche que tu mènes actuellement ? M.A. : Mon travail de thèse porte sur le roman contemporain mauricien d’expression française et anglaise. Je tente d’y repérer les convergences entre deux esthétiques post-coloniales : l’une francophone, l’autre anglo- saxonne. Filigranes : Peux-tu nous citer quelques auteurs mauriciens ? M.A. : Shenaz Patel, Ananda Devi, […]


Une ignorance jamais comblée – Entretien avec José-Flore Tappy

Cursives 66 Entretien avec José-Flore Tappy   José-Flore Tappy est née à Lausanne en 1954. Elle travaille dans la recherche littéraire et l’édition de textes à partir d’archives d’écrivains, au Centre de recherches sur les lettres romandes (Université de Lausanne). Elle a conçu et réalisé l’exposition Jaccottet poète qui présentait en 2005 à Lausanne d’une part les années de formation de Jacottet et ses interlocuteurs privilégiés – maîtres, amis, artistes, éditeurs -, d’autre part son travail d’écrivain à partir d’un choix de manuscrits. En collaboration avec Marion Graf, elle a réalisé une Anthologie de la poésie en Suisse romande depuis Blaise Cendrars, publiée en 2005 chez Seghers. Elle a publié 4 recueils de poèmes Errer mortelle, Pierre à feu, Terre battue et Lunaires et un cinquième recueil intitulé Hangars va paraître à l’automne 2006. Elle a écrit également des textes consacrés à des artistes et traduit des poètes de langue espagnole ainsi que la poétesse russe Anna Akhmatova. Elle a bien voulu prendre le temps de répondre à nos questions.   Une ignorance jamais comblée   Filigranes : Vous avez déjà derrière vous 4 recueils de poésie publiés et un livre écrit en collaboration avec un sculpteur. Y a-t-il eu un moment inaugural où vous avez pris conscience que vous étiez poète ou bien est-ce venu progressivement, peut-être grâce en partie au regard d’autrui ? José-Flore Tappy : J’ai toujours eu de la peine à me désigner comme « poète ». Le […]


La chanson, un art de la concision… – Entretien avec Christian Alix

Cet entretien est paru dans Filigranes n°52 « Et pourtant elle chante » Avril 2002   Dans ce numéro, nous avons rendez-vous avec Christian Alix, chercheur en éducation à l’Institut allemand de recherche pédagogique (D.I.P.F., Francfort – RFA) et auteur compositeur interprète. Christian Alix écrit les textes et compose les musiques de ses propres chansons mais écrit aussi des poèmes et des histoires pour enfants. Il évoque dans cet entretien une expérience singulière, celle d’auteur compositeur interprète.   Des chansons et des partitions FILIGRANES : Quand as-tu le sentiment d’être entré en écriture et en chanson ? Christian Alix : J’ai depuis toujours eu envie d’écrire des chansons et de la musique. Je suis, tombé dans la chanson et la musique – comme Obélix dans sa potion magique ! – très tôt. Ma mère chantait pour « chasser le diable qui rôdait » comme le dit Félix Leclerc. Mon père, lui, adorait danser. Mon rapport à la musique vient de là. Vous savez comment ça se passait avant. Il y avait les disques 78 tours – mes parents n’avaient toutefois pas de « tourne-disque », mais surtout, on écoutait les chansons à la TSF, au poste, à la radio. C’était une tradition orale, du bouche à oreille Ce n’est pas innocent si on ne retenait que des bribes. On fredonnait, on sifflait et on répétait le refrain et un bout de couplet. Les chansons sont faites pour cela. En général on en restait là, sauf […]


Dans l’entre-deux des langues – Entretien avec Lothar Weber 

Cet entretien est paru dans Filigranes n°43 « Humain / Inhumain » Mai 1999   L’entretien que nous proposons dans ce numéro est l’occasion pour Filigranes de rendre hommage à ceux de nos auteurs qui ont fait le choix et ont pris le risque – de ne pas écrire dans leur langue maternelle mais de faire le saut vers la langue étrangère qu’est pour eux le français. Lothar Weber, citoyen allemand, enseignant de français, formateur d’enseignants en RFA (Land de Hesse), nous raconte comment il est entré dans le territoire de la langue française et y a découvert le bonheur d’écrire.   « Si le mot que tu veux prononcer n ‘est pas plus beau que le silence, ne le prononce pas. » (Sagesse Soufî) Les années d’apprentissage Lothar Weber : J’ai commencé à apprendre le français à l’âge de 14 ans. J’ai fait 5 ans de français au ly–cée, puis 3 ans à l’Université. Pendant toute cette période je n’ai pas eu le sentiment d’avoir réellement appris la langue, mais simplement de m’y être exercé. Au début, cet apprentissage était peu intéressant. Le manuel scolaire tenait lieu de Bible. Hors du livre point de salut. Les choses ont pris une autre tournure en changeant d’enseignant : il nous faisait parler, écrire, bref travailler directement dans la langue étrangère. Par sa façon d’enseigner et de nous impliquer dans le travail, cet homme m’a réellement donné l’amour du français ! Le résultat a été […]


Traductrice…   Entretien avec Myrto Gondicas

Cet entretien est paru dans Filigranes n°42 « Balade chez les Anciens » Janvier 1999   Filigranes a rencontré Myrto Gondicas, traductrice. Comment devient-on traductrice ? Quel est le projet du traducteur, quel est celui de l’éditeur ? Que signifie « traduire » ? Quelle serait la juste distance avec les textes anciens ? Que signifie rendre « lisible » un texte pour un lecteur contemporain ? Voici quelques unes des réflexions qui, à n’en pas douter, feront écho.   Filigranes : Myrto Gondicas, tu es traductrice et tu as travaillé pour différentes maisons d’édition. Combien d’ouvrages as-tu traduits ? Myrto Gondicas : J’ai traduit deux ouvrages de l’américain mais mon activité a été surtout consacrée à la traduction d’œuvres en grec ancien. J’en ai traduit six dont deux en collaboration. « Histoire d’un bébé » Filigranes : Comment en es-tu venue à la traduction « professionnelle » ?       M.G. : Par des rencontres, par des hasards heureux. La première fois, c’était pendant une des périodes difficiles de ma vie. J’ai revu quelqu’un que j’avais croisé et que mon frère avait croisé quand nous avions tous les deux douze ans, dans une perspective d’orientation scolaire, et aussi parce qu’il faisait des recherches sur les jumeaux. C’est René Zazzo, le psychologue connu du grand public pour ses recherches sur les jumeaux mais qui s’est intéressé à beaucoup d’autres sujets, quelqu’un de très curieux, de très ouvert et de très intéressant. Quand je l’ai revu, cela m’a fait beaucoup de bien. Et puis un jour, il m’a […]


« Construire des significations à des mots existants » (Teresa Assude)

Un entretien avec Teresa ASSUDE, membre du collectif de Filigranes, enseignante et chercheur en didactique des mathématiques.   A propos d’écriture en didactique des mathématiques et d’écriture poétique TA : En didactique ou en poésie quand j’essaie de créer, il y a toujours un temps de maturation. Tout dépend de la manière dont chacun vit le travail. Moi, je vis dans la lenteur en ce qui concerne la création. Parfois j’ai l’impression que j’ai avancé, et quand je relis, je m’aperçois que je n’ai pas avancé du tout. Je traîne, je traîne, ou j’écris à quelqu’un ou je n’écris rien. Puis, un peu plus tard, cela peut aller très vite. Les jours où je suis restée « sans rien faire », c’est une période où quelque chose a mûri, mais qu’ai-je fait pour cela (à part me donner le temps) ? Même s’il y a des choses que je ne comprends pas dans la création, je pense que celle-ci n’est pas magique : le travail et la volonté de créer y sont pour quelque chose.   Lire la suite : « Construire des significations à des mots existants » Entretien avec Teresa Assude, chercheure en didactique des mathématiques et pédagogie. Auteur de Filigranes. (N°22).