N°64 Une date forcément


Edito

 


« L’ange. C’est une statue moscovite
aux pieds pris dans un nuage de pierre.
L’ange demeure ange. »
Nathalie Ferrier,
Filigranes, N°63, nov. 2005.

 

Entre les dates et nous, quoi ? La mémoire, captée par cette borne précise et fiable, s’accroche mais le fil est ténu. Il est des événements qui vous prennent en traîtres et s’abattent dans votre vie sans que vous ayez vu le coup venir.

Une date est-elle autre chose qu’un petit amas de chiffres, sorte de talisman, qui ouvre sur un temps hors du temps présent ? Peut-être, mais la date ordonne, range, assigne une place dans une succession. A peine évoquée, elle fait se lever des images, des fantômes et probablement des anges. Mais qui nous dira sa vérité vraie ? Cette nuit-là (celle du 26 au 27 novembre 2005), vous étiez chez des amis, ambiance joyeuse, loin, à 100 000 lieues de l’évidence et du désespoir. Notre volonté d’en faire des repères rend certaines dates rayonnantes quand d’autres se transmettent dans le secret du cœur, tirant force et vertu de leur discrétion même. Et puis, vous apprenez la funeste nouvelle. Pourquoi ? Chaque anniversaire les recharge d’émotion. Dates heureuses pour les uns, sombres pour les autres et néanmoins les mêmes qui nous laissent sans réponse, privés pour toujours.

Des mondes s’appellent, se repoussent, se répondent, se différencient. La date fait lien. Consciente de ses enjeux, elle se gonfle de significations multiples, d’interprétations. Elle veut être lue à la lumière de l’histoire.

Fatal, l’accident, improbable la veille, a eu lieu et on veut le comprendre, au moins en saisir le sens, se le raconter, lui donner un avant et un après. Plus tard, l’événement prendra racine, deviendra date. Il sera matière à souvenirs, à récit.

Écrire… Moyen que les hommes ont trouvé pour faire comme si… , et accepter dans un même mouvement passé et lendemain ? Dans ce monde de calendriers, nous écrivons pour penser autrement le temps, pour mettre en relation hier et bientôt, l’héritage et l’à venir et ainsi prendre place dans la filiation.

Oui, nous écrivons pour ne pas oublier, pour donner à la relation humaine l’épaisseur de la mémoire. Pour faire exister malgré tout ces dates impossibles qui nous habitent, celles dont on ne sait ni le jour, ni le mois, ni l’heure. Celles qui, sous nos yeux impuissants, resteront à jamais silencieuses… Nathalie F. n’est plus de ce monde. Elle l’a quitté dans la nuit du 26 au 27 novembre 2005. Depuis, cette date nous meurtrit et nous blesse.

Odette et Michel Neumayer
12 mars – 4 avril 2006

 


Sommaire

Trame des jours

Odette et Michel NEUMAYER, Editorial   
Roland VASCHALDE,  R. V. 1952 – 2085  
Marie-Noëlle HOPITAL, 26 décembre 1948
Francis FINIDORI,  fff… Quelle journée !
Oleg de ROBERTY, Mars 53
Cécilia BLANC,  24 août 79
Elisabeth CAPRON,  31 décembre
Mireille GRIZZO, 11 juillet 1997
Michèle MONTE Demi-siècle 1955 – 2005

 

Absence

Nicole BRACHET, ../../…
Agnès PETIT, 01.06
Marie-Christiane RAYGOT,  28 mars 1941

Cursives

Les travaux et les jours.
Filigranes de la conception à la fabrication.
Une enquête menée par Nicole BRACHET
(cliquer ici)

 

Chroniques

Paul RECOURSE,  Juin 1914
Jeannine ANZIANI, Dimanche 24 janvier 1943
Aliette JOUBARD, 21 avril 1944
Marc LASSERRE, 10 juin 1944
Paul FENOULT, Septembre 44
Josiane HUBERT, 30 avril 1999
Yves BEAL, 16 juil 42 – 21 avr 02
Luc BROUTIN, 21 août 2005

Ephémérides

Pierre HUSSON,  6 juillet 1999
Richard CABANES, 1515, Marignan
Pierrette EPSZTEIN, 15 juillet 2005
Geneviève LIAUTARD, 19 mars 2003
Solange HERNANDEZ, 4 mars 2004
Odile DUBREIL, 3 janvier 1969
ABELARD, Octobre 1926
Véronique FABRE, 24 mars 2001
Monique d’AMORE, 16 mai 2005, 22h17
Anne-Marie SOUFFLET ../../….

Photos de Nicole BRACHET
pp.18 – 31 – 45 et couverture