N° 105 « Ça déborde » – 09/2020 – (Vol 1 – « Récup’ et maraudes »)
) ÉDITO « Elle s’inquiète de la façon dont la langue dans laquelle elle rêve, qui lui est donnée à la naissance, est manipulée, mise en service, même retenue d’elle à certaines fins néfastes ». En tant qu’écrivaine, « elle considère la langue en partie comme un système, en partie comme une chose vivante sur laquelle on a le contrôle, mais surtout comme une intervention (…) »* Le débordement, le trop-plein sont au cœur des pages qui suivent. Les errements, les boulimies entretenues, les novlangues et mystifications publicitaires qui nourrissent les gaspillages et les privilèges de certains au détriment de tant d’autres, nous sommes nombreux à en constater l’impasse. Mais écrire, est-ce seulement dénoncer ? Ce qui déborde, n’est-ce pas, plus encore, au cœur de nos langues où des ruptures profondes pourraient s’inventer pour sursoir à la démesure ? « Ça déborde ». Déplaçons la question. Le prisme ici ce ne sont pas « les choses » seulement qui, à la manière de Perec, nous asservissent. Ni les radeaux de la Méduse qui creusent les mers. Pas plus les ravines autoroutières qui dénaturent l’espace, ni les caddies disposés en file indienne devant les caisses. Trop peu ? Trop plein ? L’humain s’interroge face à un monde où il n’est que passant, mais ne décrire nos sociétés que clivées par l’économie, ne porter notre […]