Une année particulières


N°101 « 1.0.1 » – vol.3 – 2019 – (Une année particulière )

1.0.1 Une année particulière s’achève. Le 100 est derrière nous et nous voilà soudain ballottés entre les espaces et les temps. Entre hier et demain, c’est sur une ligne de crête que nous écrivons. 1.0.1 À l’image même du titre composé de chiffres seulement – 1.0.1 – le passage est incertain. Des points les séparent. Le code est abscons. Il s’étire à l’infini tel un piano sans queue ni tête. Blanches, noires, noires, blanches, la série est peut-être sans fin. Le bonheur de l’invention, de la charge humoristique, du mea culpa seront-ils au rendez-vous quand plus rien ne borde rien ? 1.0.1 Imaginons. Dénombrons. Le « un » ! La barre serait verticale comme un drapeau au fronton des écoles, le toupet vissé sur la rectitude. Avant était limpide, si beau, si doux… proclamerait-il et de suggérer que seul vaudrait de renouer avec les âges d’or. Que rien en elle ne devrait exister hormis les regrets éternels. Qu’à l’instar des fleurs fanées, ceux-ci couvrent enfin le double espace des textes et des cimetières ! Que Le monde d’hier (1) serait le dernier horizon. Écrire, se retirer sur l’Aventin, les bras ballants, et jouir des derniers soubresauts d’un monde crépusculaire ? 1.0.1 Le « zéro » ! Trompeuse affabilité du rond. Si c’est de numération qu’il s’agit, oui, la position est prise. Numérique, l’horizon est là, il est voilé. L’inquiétude est encore bonhomme, mais justifiée. Sous l’apparence de l’ancien, celle des times, new gothic, […]


N°100 « 100% création » – vol 2 – (2019 Une année particulière)

Lire et télécharger Télécharger le N° intégral (PDF – 3 MO) Edito (« Une année particulière » Vol. 2)  (2018) « Le poète achemine la connaissance du monde dans son épaisseur et sa durée, l’envers lumineux de l’histoire qui a l’homme pour seul témoin. » Édouard Glissant   On ne célèbre pas tous les jours un anniversaire de la sorte. On ne calcule pas à tout moment le nombre de pages publiées et les auteurs rassemblés. On ne revisite pas à chaque instant l’écheveau des thèmes, des problématiques, des pistes. Quand la date fatidique survient, quand le chiffre rond apparaît, on est plutôt bouche bée. Des visages défilent. Des impressions reviennent. Des rencontres faites, des rendez-vous pris, des paroles remontent à la conscience comme autant de bulles. Évanescentes, elles éclatent mais demeure l’embarras : « à quoi bon » et « que faire de tout cela » ? On cherche alors quelque parade, un argument, une raison majeure et on replonge, on compulse, on tourne à nouveau les pages, on se remet à l’écoute de ce qu’on avait fini par oublier. Et surgissent… … Le plaisir du texte dont, énigmatique, Barthes (1) dit  (il pense au lecteur) « ne jamais s’excuser, ne jamais s’expliquer (…) Je détournerai mon regard, ce sera désormais ma seule négation ». Car enfin, nous-mêmes face à la pile, quels autres choix assumer sinon le refus des ingérences, nous émanciper du diktat du « tout lire », « du tout prendre, tout comprendre, d’une seule bouchée » ? Revendiquons […]


N°99 « Vers le cent » – Vol 1 – 2018 – Une année particulière

    « Vers le 100 » « Une année particulière » vol 1 (2018)        » Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. » Blaise Pascal Longtemps, nous avons cru que la terre était plate et aujourd’hui encore certains le prétendent. Les mêmes pensent tout autant que le soleil tourne autour de nous. Juste avant 2000, nous avons été quelques-uns à croire que tout allait changer. Les uns prédisaient le grand bug, d’autres pensaient qu’incapables de compter juste, nos ordinateurs nous planteraient dans un XXème sans fin ! Entre ruptures et continuités, que savons-nous du temps ? Que retrouvons-nous en Filigranes, de numéro en numéro, de série en série : tant de visages, des textes, de paroles ! Il en est qui reviennent comme boomerangs. Ils portent encore si fort le parfum des non-dits, les masques qui exhaussent les rêves, les désirs enfouis qui s’avouent, les colères aussi qui se drapent. D’autres, que nous pensions perdus, soudain prennent de nouveaux atours et font tremplin. Lors d’un récent séminaire préparant le prochain numéro – le 100 – nous avons ainsi renoué avec le grain des pages, avec leurs teintes et leurs typos. Mais, parce l’événement n’est pas que numérique, voire numérologique, nous avons surtout voulu comprendre si changer de rang, passer des dizaines à la centaine métamorphosait notre désir de langue, de […]