« L’homme et sa création sont sans âge, sans vieillissement et sans usure. » Marcel HANOUN (cinéaste) « Contre la censure de velours » Le Monde Diplomatique Avril 1994 Juin 2005 Un texte paru dans la revue Dialogue N° Spécial Poésie Dès juin 1984, dans le premier numéro de « Filigranes » vous posez la problématique du fragment, que vous formalisez ensuite comme « une alternative plausible et stimulante à la désaffection des genres littéraires traditionnels » Dans le numéro 2 de la revue, vous posez l’écriture comme « recherche d’un destinataire au-delà de toute adresse ». Aujourd’hui dans la jungle de l’universel discours, ces deux voies s’avèrent toujours aussi fécondes, est-ce optimisme de notre part ? » Certes, de nombreux textes de la littérature contemporaine nous invitent à une lecture par fragments, fractions, bribes et autres découpes. Or il n’y a rien là de très nouveau. Le fragment n’est pas une affaire exclusivement contemporaine. Héraclite déjà, dans l’antiquité grecque, s’y intéressait. Plus proches de nous au début du 19ème siècle, les Romantiques allemands en firent leur credo. Bref, de nombreux philosophes et poètes se sont consacrés à la production d’œuvre d’imagination et de pensée pour lesquelles le non-fini, la présence d’interstices, l’idée de mise en relation sont essentielles. Soyons clairs : pour nous, membres du collectif de Filigranes (sous-titrée Revue d’écritures), la supposée désaffection des genres littéraires traditionnels n’est pas notre souci. Depuis vingt ans que nous existons, ce qui nous intéresse dans l’écriture de fragment c’est qu’elle modifie notre rapport au temps et à l’espace. […]