2019 – Les quat’z’arts


N°102 – Emprunts, empreintes (Vol 1 – Les quat’ z’arts) – 04/2020

                                        ÉDITO Emprunts, empreintes, « aubes des images » ! Sur le double registre de l’emprunt et de l’empreinte s’ouvre ce numéro. La formule semble aller de soi et les termes qui la constituent, chacun pris en lui-même, ne pas vraiment poser question. Mais que cachez-vous homophonies, si séduisantes d’en être presque parfaites ? Une cohérence assurément : celle du maillage humain, de notre dette à autrui, de nos attachements, je crois. Toujours précédée d’œuvres de toutes sortes, lesquelles en sont le terreau, aucune création ne naît; C’est parce qu’on a aimé qu’on souhaite refaire, qu’on cherche la proximité, une manière de retrouvaille, un héritage que l’on se reconnait. Alors foin des accusations. Répétition ? Plagiat ? Non, jamais, car oui, nous créons sous influence. [Je] veut être un autre et il l’est ! [Je] décide de prendre, de transformer, de poursuivre. [Je] signe et, en mon for intérieur, [Je] sais ce que [Je] dois ! Mais copier, emprunter, ne serait-ce pas tricher ? Imiter, c’est créer, rétorque Picasso. Van Gogh pensait à Millet, Degas aux grand maîtres, Giotto à Cimabue (1) ! Tableaux, musiques, photos, carnets, leur présence à nos côtés nous est essentielle. Ce sont aussi citations, références savantes, allusions qui font signe, et encore objets en échos. Toutes et tous ouvrent des espaces. Vers d’autres scènes, ils nous portent. […]


N° 103 – « Sur la corde raide » (Vol 2 – Les quat’ z’arts) 09/2019

                                              ÉDITO Si en ce début de siècle nouveau, la lecture semble devenue chose courante, l’écriture en revanche reste en retrait. Celles et ceux qui s’y adonnent sont certes nombreux mais aujourd’hui encore convenons qu’écrire (d’une autre manière que lire) nous sépare des autres. « Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi. Écarte de toi tout autre pensée. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. La porte, il vaut mieux la fermer ; de l’autre côté, la télévision est toujours allumée. Dis-le tout de suite aux autres : non je ne veux pas regarder la télévision (…) » écrivait en son temps Italo Calvino. La séparation que l’écriture provoque est complexe à cerner. Tout à la fois encensée, portée aux nues et mal vue, l’écriture perturbe l’ordre des choses. Oui, écrivant nous franchissons des lignes. Nous nous séparons à plus d’un titre : du commun, du temps présent, des sociabilités ordinaires. Ils n’aiment pas, nos proches, que nous nous abstrayions du présent, que nous nous vouions à quelque pratique obscure appelée « écrire », qu’à l’écoute de ce qui fait monde en nous, nous nous dérobions de leur regard, fuyant pour un temps le commun.Confiée à la nuit, aux carnets intimes, aux « amis » des réseaux sociaux, aux amants, l’écriture […]