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Un beau jour ou peut-\u00eatre une nuit C’est le paradoxe. Il traverse nos vies. L’oiseau de la d\u00e9raison brouille les cartes, bouscule les fronti\u00e8res. \u00c0 chaque fois, lucidit\u00e9 et ivresse, harmonie et chaos, paix et guerre, cr\u00e9ation et destruction se toisent, se fr\u00f4lent, se frottent, s’\u00e9clipsent, esquivent et se rejoignent.<\/p>\n D’\u0152dipe \u00e0 M\u00e9d\u00e9e et \u00e0 Antigone, de Sparte \u00e0 Troie, les mythes, matrice de nos fictions, nous rappellent que de tous temps, femmes et hommes, dieux de l’Olympe et humains, se sont cogn\u00e9s au d\u00e9sir, aux passions, aux us, \u00e0 la Loi. Qui sont les barbares, o\u00f9 sont-ils, quelle langue parlent-ils ?<\/p>\n \u00c0 chaque fois, il y va d’un territoire et de ses confins : celui d’un principe d’humanit\u00e9 \u00e0 d\u00e9finir ; d’une humaine signature (1) \u00e0 penser sans cesse, \u00e0 apposer sans r\u00e9serve. \u00c0 chaque fois, a contrario, le sentiment d’un manque nous menace, \u00ab\u00a0l’invincible nostalgie du retour \u00e0 l’union totale, \u00e0 l’Un indivis, au n\u00e9ant\u00a0\u00bb (2).<\/p>\n Ainsi, foin des oppositions binaires. Toute fronti\u00e8re, nous dit le g\u00e9ographe(3), est \u00ab\u00a0traduction, r\u00e9gulation, diff\u00e9renciation et relation\u00a0\u00bb. On y ajouterait volontiers \u00ab\u00a0r\u00e9sistance\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0lucidit\u00e9\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0contrebande\u00a0\u00bb. \u00c9crire po\u00e9tiquement ce n’est pas dire le juste et l’injuste, fixer une norme, encore moins tracer quelque ligne rouge. Laissons cela aux m\u00e9decins, aux juristes, aux politiques. C’est en revanche un long chemin \u00e0 explorer : celui qui va de la r\u00e8gle \u00e0 l’usage, aux conduites humaines ; celui qui noue le noir et le blanc, le pour et le contre ; celui qui fond obscurit\u00e9 et lumi\u00e8re sans les confondre. C’est donc d’\u00e9change et de porosit\u00e9s, d’alliage et d’alliance dont il sera question ici, dans le carnaval de nos passions textuelles.<\/p>\n L’\u00e9criture elle-m\u00eame peut, \u00e0 l’occasion, vouloir se d\u00e9r\u00e9gler et la forme devient fond. Les mots s’enivrent. Comme un chien fou, le sens tire sur la laisse et veut s’\u00e9chapper. \u00c0 chaque fois, pourtant, entre Apollon et Dionysos, entre ordre et chaos, entre sublimation et catharsis, un calcul a \u00e9t\u00e9 fait, des choix se sont dessin\u00e9s, un \u00e9quilibre est pos\u00e9. \u00c0 nous, lecteurs bienveillants, de les reconna\u00eetre, d’y consentir bien s\u00fbr, de ne jamais capituler pour autant devant les apparences, sans quoi nous ne saurions plus ni lire et ni aimer.<\/p>\n Scansion, valeur faciale et revers, chant et contre-chant, dissonances sont quelques mots dans la nuit, quelques balises pour naviguer, sans boussole et sans compas \u00e0 bord de notre commun radeau. Nef des fous pourrait bien \u00eatre son nom.<\/p>\n C’est, en effet, de passions et de leur d\u00e9r\u00e8glement dont il s’agira. Prenez vos billets, v\u00e9rifiez vos passeports, d\u00e9posez armes et bagages, \u00e9lancez-vous, le voyage commence d\u00e9j\u00e0.<\/p>\n <\/p>\n Filigranes (MN) novembre 2017<\/p>\n ————-<\/p>\n (1) Tzevtan Todorov, La signature humaine (Seuil). <\/span> <\/p>\n FILIGRANES \u00c9ditorial (M.N.)<\/p>\n <\/p>\n Paul FENOULT Ode \u00e0 une \u00e9pave Annie CHRISTAU S’\u00e9loigner Marie-No\u00eblle HOPITAL Un lointain cousin <\/p>\n \u00ab\u00a0Le tapis \u00e0 histoires\u00a0\u00bb – Centre social \/ Maison pour tous St Mauron \u00e0 Marseille – Un entretien avec Zineb, Sahada, Husna <\/p>\n <\/p>\n Mich\u00e8le MONTE Quel sacrifice ? <\/p>\n Teresa ASSUDE Voix alt\u00e9r\u00e9es <\/p>\n Les illustrations (couverture et pages int\u00e9rieures) de ce num\u00e9ro sont de Jean-Fran\u00e7ois Cardin. <\/span><\/p>\n \u00ab\u00a0Durant une dizaine d’ann\u00e9es j’ai \u00ab\u00a0traqu\u00e9\u00a0\u00bb les tessons de verre sur les fa\u00eetes des murs des quartiers de Marseille. <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Sommaire<\/p>\n FILIGRANES \u00c9ditorial (M.N.)<\/p>\n <\/p>\n ROCK’N ROLL<\/p>\n Paul FENOULT Ode \u00e0 une \u00e9pave CONTRE-CHANT<\/p>\n Annie CHRISTAU S’\u00e9loigner<\/p>\n Martine REYMOND T\u00e9n\u00e8bres \/ Espoir DISSONANCES<\/p>\n Marie-No\u00eblle HOPITAL Un lointain cousin <\/p>\n <\/td>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n FILIGRANES <\/em><\/strong>(filigran) n.m. (1673) du lat. \u00ab\u00a0filigrana\u00a0\u00bb fil \u00e0 grain).Ouvrage fait de fils de m\u00e9tal (argent ou or),de fils de verre,entrelac\u00e9s et soud\u00e9s. Dessin qui appara\u00eet en transparence dans certains papiers.<\/em><\/p>\n (Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n’est pas explicitement dit dans le texte.<\/em><\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/td>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" \u00ab\u00a0Raisons, d\u00e9raisons\u00a0\u00bb \u00ab\u00a0Dans le miroir des mythes\u00a0\u00bb vol 2 (2017) Un beau jour ou peut-\u00eatre une nuit Pr\u00e8s d’un lac, je m’\u00e9tais endormie Quand soudain, semblant crever le ciel Et venant de nulle part surgit un aigle noir… Barbara C’est le paradoxe. Il traverse nos vies. L’oiseau de la d\u00e9raison brouille […]<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":1570,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[3],"tags":[],"_links":{"self":[{"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1566"}],"collection":[{"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=1566"}],"version-history":[{"count":3,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1566\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1791,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1566\/revisions\/1791"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/media\/1570"}],"wp:attachment":[{"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=1566"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=1566"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=1566"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}
\nPr\u00e8s d’un lac, je m’\u00e9tais endormie <\/em>
\nQuand soudain, semblant crever le ciel<\/em>
\nEt venant de nulle part surgit un aigle noir… <\/em>
\nBarbara<\/em><\/p>\n
\n(2) R\u00e9f\u00e9rence \u00e0 Nietzsche. Genevi\u00e8ve Blanquis, traductrice, pr\u00e9cise dans son introduction \u00e0 La naissance de la trag\u00e9die (Gallimard, coll. blanche) : \u00ab\u00a0Alors que dans la trag\u00e9die grecque telle qu’elle nous a \u00e9t\u00e9 transmise, nous admirons surtout une des \u0153uvres les plus parfaites de la raison lucide et d’une sagesse qui sait dominer les passions les plus fauves et les malheurs les plus inou\u00efs, Nieztsche est plus sensible \u00e0 l’atmosph\u00e8re de menace et de myst\u00e8re, au lyrisme pessimiste des ch\u0153urs, aux lamentations sur des h\u00e9ros pers\u00e9cut\u00e9s et vaincus, sur la mis\u00e8re et l’horreur de l’humaine condition\u00a0\u00bb. <\/span>
\n(3) Claude Raffestin, \u00c9l\u00e9ments pour une th\u00e9orie de la fronti\u00e8re (Revue Diog\u00e8ne N\u00b086 , vol 34.)<\/span><\/p>\n <\/h2>\n
<\/h2>\n
Sommaire<\/span><\/h2>\n
ROCK’N ROLL<\/span><\/h2>\n
\nF\u00e9lix DEMORE La r\u00e9surrection d’Orph\u00e9e
\nArlette ANAVE Pour Magritte<\/p>\n
\nCONTRE-CHANT<\/span><\/h2>\n
\nMartine REYMOND T\u00e9n\u00e8bres \/ Espoir
\nJean-Jacques MAREDI Pied bless\u00e9
\nCathy SFORZI N\u00e9cessit\u00e9
\nAgn\u00e8s PETIT Eux
\nMarie-Christiane RAYGOT La vie domestique
\nSylvie AZEMA-PROLONGE Mauvais coton (suite)<\/p>\nDISSONANCES<\/span><\/h2>\n
\nAnne-Marie SUIRE Sur le pont
\nFrancoise SALAMAND-PARKER L’admirable histoire…
\nNicole DIGIER Les vigiles \u00e0 l’h\u00f4pital…
\nChantal BLANC Le m\u00e9li-m\u00e9mots<\/p>\nCURSIVES 28<\/span><\/h2>\n
\nen compagnie d’Amande Leblanc et Samia Azizi<\/p>\nLire l’entretien<\/span><\/a><\/h2>\n
VALSE SENTIMENTALE<\/h2>\n
\nXavier LAIN\u00c9 Toujours tout reconstruire
\nOleg de ROEBERTY La Volga
\nMichel NEUMAYER Paix d’Astart\u00e9
\nJeannine ANZIANI Le Kairos
\nIr\u00e8ne PHILIPPIN Imagine<\/p>\nDE PROFUNDIS<\/span><\/h2>\n
\nDamien PAISANT Vivre – Mourir – Vivre – etc.
\nSt\u00e9phane CASENOBE Comme sur le pont d’un bateau ivre
\nJean-Fran\u00e7ois MARIOTTI Corps \u00e0 corps
\nGeorges XUEREB Chaos… corps
\nLecarm L’assinage<\/p>\n
\nSi nous les regardons de tr\u00e8s pr\u00e8s selon l’angle du soleil,
\nils s’\u00e9clairent comme si nous les regardions dans un kal\u00e9idoscope.
\nAucun montage n’a \u00e9t\u00e9 n\u00e9cessaire, seulement un clic sur le sujet en macrophoto au moment du bon \u00e9clairage… J
\n‘\u00e9tais le premier stup\u00e9fait et enchant\u00e9 du r\u00e9sultat sur mon ordinateur.\u00a0\u00bb<\/span>
\nJ-F. Cardin<\/span><\/p>\n\n\n
\n <\/p>\n
\nF\u00e9lix DEMORE La r\u00e9surrection d’Orph\u00e9e
\nArlette ANAVE Pour Magritte<\/p>\n
\nJean-Jacques MAREDI Pied bless\u00e9
\nCathy SFORZI N\u00e9cessit\u00e9
\nAgn\u00e8s PETIT Eux
\nMarie-Christiane RAYGOT La vie domestique
\nSylvie AZEMA-PROLONGE Mauvais coton (suite)<\/p>\n
\nAnne-Marie SUIRE Sur le pont
\nFrancoise SALAMAND-PARKER L’admirable histoire…
\nNicole DIGIER Les vigiles \u00e0 l’h\u00f4pital…
\nChantal BLANC Le m\u00e9li-m\u00e9mots<\/p>\n <\/td>\n <\/p>\n <\/td>\n <\/td>\n<\/tr>\n \n <\/td>\n <\/td>\n<\/tr>\n \n <\/td>\n <\/td>\n<\/tr>\n<\/tbody>\n<\/table>\n