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{"id":1557,"date":"2020-06-04T19:37:44","date_gmt":"2020-06-04T19:37:44","guid":{"rendered":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/?p=1557"},"modified":"2020-12-15T22:07:16","modified_gmt":"2020-12-15T22:07:16","slug":"rejouer-le-monde-dans-les-parages-du-mythe-vol-3","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/2020\/06\/04\/rejouer-le-monde-dans-les-parages-du-mythe-vol-3\/","title":{"rendered":"N\u00b098 \u00ab\u00a0Rejouer le monde\u00a0\u00bb – Vol. 3 – Dans le miroir des mythes"},"content":{"rendered":"

\"\"\u00ab\u00a0Rejouer le monde\u00a0\u00bb
\n<\/span>\u00ab\u00a0Dans le miroir des mythes\u00a0\u00bb vol 3 (2017)<\/span><\/h2>\n

 <\/p>\n

 <\/p>\n

\u00ab\u00a0<\/em>L’enfant avait plac\u00e9 une vaste caisse au milieu de la chambre et, depuis quelques heures d\u00e9j\u00e0, il naviguait ainsi, brassant le vide, d\u00e9visageant l’horizon enfui dans le mur, le tapis figurant l’oc\u00e9an, la caisse un voilier de fort tonnage. Vers six heures, comme chaque soir \u00e0 cette heure, le p\u00e8re rentra du travail. Il p\u00e9n\u00e9tra dans le salon, il eut le temps de d\u00e9sapprouver l’id\u00e9e de son fils, il atteignit \u00e0 cet instant le tapis, coula \u00e0 pic et se noya.\u00a0\u00bb<\/em>
\nJacques Sternberg, Contes froids<\/em><\/span><\/p>\n

 <\/p>\n

Enfants d\u00e9j\u00e0, nous inventions des mondes. Nous construisions des routes, nous soulevions les montagnes. \u00ab\u00a0Tu serais la marchande, je serais le client\u00a0\u00bb. Bien plus que des paroles, c’\u00e9taient des univers \u00e0 explorer, un \u00ab\u00a0mentir-vrai\u00a0\u00bb de r\u00e9sistance (d\u00e9j\u00e0 !) au s\u00e9rieux des parents. C’\u00e9taient nos affaires, motus et bouche cousue. Nous les savions \u00e9ph\u00e9m\u00e8res et qu’importe. C’\u00e9tait s\u00e9rieux car c’\u00e9tait du jeu.<\/p>\n

Plus tard, \u00e9coutant les po\u00e8tes, comme toi lecteur, confin\u00e9 dans la chambre, je m’en allais sur les routes et du r\u00eave faisais mon chemin :<\/p>\n

Je m’en allais, les poings dans mes poches crev\u00e9es ;
\nMon paletot aussi devenait id\u00e9al ;
\nJ’allais sous le ciel, Muse ! et j’\u00e9tais ton f\u00e9al ;
\nOh ! L\u00e0 ! L\u00e0 ! Que d’amours splendides j’ai r\u00eav\u00e9es !<\/span> (1)<\/span><\/em><\/p>\n

Nous voici adultes \u00e0 notre tour. Le temps nous taraude. La pluralit\u00e9 des mondes nous poursuit. Lourde est notre pens\u00e9e. Sur nos \u00e9paules, tant de fatalismes accumul\u00e9s : \u00ab\u00a0que tout change, pour que rien ne change\u00a0\u00bb (2). Une sourde m\u00e9lancolie.<\/span><\/p>\n

L’avenir nous serait-il d\u00e9cid\u00e9ment barr\u00e9, mais en quel nom ? Au pr\u00e9texte des apories du pass\u00e9 ? Au motif de la promesse d’une jouissance sans fin dans un pr\u00e9sent devenu ind\u00e9fini ? Tout ne serait-t-il que recommencement, boucle reboucl\u00e9e sur elle-m\u00eame tandis qu’impassibles les pierres indolentes s’usent (3) ?<\/span><\/p>\n

N’en croyons rien. Retrouvons l’enfant. Rejouons. Distrayons-nous. \u00c9garons-nous. Retournons la peau du destin. Roulons la pierre jusqu’au sommet. M\u00e9tamorphosons-nous, une fois, deux fois, dix fois par jour s’il le faut. Passons commandes aux Dieux. Parlons aux fant\u00f4mes. D\u00e9salt\u00e9rons nos c\u0153urs assoiff\u00e9s. Racontons nos exploits, nos chevauch\u00e9es, nos amours, nos guerres. R\u00e9parons les erreurs. Refaisons nos vies. Redevenons novices. Vivons notre nuit. Pourquoi pas ?<\/span>
\nViendra peut-\u00eatre le moment o\u00f9, fatigu\u00e9s, de tout cela nous nous d\u00e9tournerons. Traumatique fort \/ da (4) ! N’avions-nous d’autre choix que de d\u00e9vider la pelote, nous condamnant \u00e0 la rembobiner sans fin ?<\/span><\/p>\n

Alors, cassons le fil. Du cycle des r\u00e9incarnations na\u00eetra peut-\u00eatre l’heure de l’\u00e9criture r\u00e9invent\u00e9e. Alors, nous conviendrons que l’\u00e9cart, c’est la richesse. Que la nuance est notre chance. Le pas de c\u00f4t\u00e9, ce qui nous signe. Si d’aventure ce secret nous le gardions par devers nous, il te reviendra alors, lecteur, passant de page en page, \u00e0 en imaginer le pointill\u00e9.<\/span>
\nMais lass\u00e9, un jour tu finiras par poser le livre, nous le savons.<\/span>
\nTon propre jeu tu voudras alors inventer ! Voici le tapis. Retournes-y, mais attention, sois prudent, six heures sonnent d\u00e9j\u00e0\u2026<\/span><\/p>\n

Filigranes (M.N.mars 2018)<\/p>\n

 <\/p>\n

(1) Rimbaud, Ma boh\u00eame.<\/span><\/em>
\n(2) Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le gu\u00e9pard<\/span><\/em>
\n(3) Odette Neumayer, Tapis de la m\u00e9moire (Filigranes 76)<\/span><\/em>
\n(4) Compulsion de r\u00e9p\u00e9tition, notion \u00e9labor\u00e9e par Freud et souvent associ\u00e9e <\/span><\/em>\u00e0 la pulsion de mort.<\/span><\/em><\/p>\n

 <\/p>\n

 <\/p>\n

 <\/p>\n

\"Colette<\/p>\n

Graphismes
\n(c) Colette Leonetti<\/p>\n

 <\/p>\n

\n

Sommaire<\/span><\/h2>\n

\u00c9ditorial 3<\/h2>\n

SI C’\u00c9TAIT \u00c0 REFAIRE<\/span><\/p>\n

Simone ALI-RARAM Revival
\nMelanie NOESEN Weisst du ?
\nClaude OLLIVE Laves c\u00e9lestes
\nAnne-Marie SUIRE Que n’avons-nous
\nAnne-Marie SOUFFLET Lettre ouverte \u00e0 Dieu
\nNicole DIGIER Metano\u00efa
\nRoland VASCHALDE Aller Venir Rester
\nMarie-Christiane RAYGOT Dans le grand beau temps<\/p>\n

 <\/p>\n

SI\u2008L’UN\u2008EST\u2008L’AUTRE<\/span> <\/span><\/h2>\n

Marie-No\u00eblle HOPITAL Feu follet du palais
\nClaude BARR\u00c8RE Iconostase du GILLES
\nChristian CASTRY Construire pour comprendre
\nJeannine ANZIANI Pan !
\nNatalie RASSON Les errants
\nMich\u00e8le MONTE Grains de grenade<\/p>\n

 <\/p>\n

CURSIVES<\/span><\/h2>\n

\u00ab\u00a0Anne Chiummo, artiste mime\u00a0\u00bb
\nUn entretien autour de \u00ab\u00a0Argia\u00a0\u00bb, spectacle en trois tableaux.<\/p>\n

Lire l’entretien\u2026<\/span><\/a><\/h2>\n

 <\/h2>\n

 <\/h2>\n

FAIRE, D\u00c9FAIRE<\/span><\/h2>\n

Michel NEUMAYER Dis-moi, quel est ton nom
\nJean-Jacques MAREDI Pour parler de ces vies\u2026
\nAnnie CHRISTAU Sisyphe sur mer
\nVal\u00e8re KALETKA La balle bleue
\nSylvie AZEMA-PROLONGE Melinos (suite 3)
\nJean-Charles PAILLET Va, tu peux tisser tes larmes
\nChantal BLANC M\u00e9li-M\u00e9mythes
\nIr\u00e8ne PHILIPPIN Terre<\/p>\n

 <\/p>\n

D’UN\u2008BOUT\u2008\u00c0 L’AUTRE, LA VIE<\/span><\/h2>\n

Arlette ANAVE Troisi\u00e8me \u00e2ge
\nSt\u00e9phanie CERDEIRA L’entrelacs des brins
\nPaul FENOULT Sur les d\u00e9combres\u2026
\nDidier BAZILE Nourriture
\nXavier LAIN\u00c8 Il ne faut pas \u2026
\nNo\u00eblle De Smet Brouillages et fr\u00e9missements
\nChantal ARAKEL Le fil de la vie
\nTeresa ASSUDE \u00c9clat de s\u00e8ve<\/p>\n

 <\/p>\n

 <\/p>\n

\"Colette<\/p>\n

 <\/p>\n

Graphismes
\n(c) Colette Leonetti<\/p>\n<\/blockquote>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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