![\"\"](\"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-content\/uploads\/2020\/05\/Fili_101-1.png\")
1.0.1<\/span><\/h2>\nUne ann\u00e9e particuli\u00e8re s’ach\u00e8ve. Le 100 est derri\u00e8re nous et nous voil\u00e0 soudain ballott\u00e9s entre les espaces et les temps. Entre hier et demain, c’est sur une ligne de cr\u00eate que nous \u00e9crivons.<\/p>\n
1.0.1<\/p>\n
\u00c0 l’image m\u00eame du titre compos\u00e9 de chiffres seulement – 1.0.1 – le passage est incertain. Des points les s\u00e9parent. Le code est abscons. Il s’\u00e9tire \u00e0 l’infini tel un piano sans queue ni t\u00eate. Blanches, noires, noires, blanches, la s\u00e9rie est peut-\u00eatre sans fin. Le bonheur de l’invention, de la charge humoristique, du mea culpa seront-ils au rendez-vous quand plus rien ne borde rien ?<\/p>\n
1.0.1<\/p>\n
Imaginons. D\u00e9nombrons. Le \u00ab\u00a0un\u00a0\u00bb ! La barre serait verticale comme un drapeau au fronton des \u00e9coles, le toupet viss\u00e9 sur la rectitude. Avant \u00e9tait limpide, si beau, si doux\u2026 proclamerait-il et de sugg\u00e9rer que seul vaudrait de renouer avec les \u00e2ges d’or. Que rien en elle ne devrait exister hormis les regrets \u00e9ternels. Qu’\u00e0 l’instar des fleurs fan\u00e9es, ceux-ci couvrent enfin le double espace des textes et des cimeti\u00e8res ! Que Le monde d’hier (1) serait le dernier horizon. \u00c9crire, se retirer sur l’Aventin, les bras ballants, et jouir des derniers soubresauts d’un monde cr\u00e9pusculaire ?<\/p>\n
1.0.1<\/p>\n
Le \u00ab\u00a0z\u00e9ro\u00a0\u00bb ! Trompeuse affabilit\u00e9 du rond. Si c’est de num\u00e9ration qu’il s’agit, oui, la position est prise. Num\u00e9rique, l’horizon est l\u00e0, il est voil\u00e9. L’inqui\u00e9tude est encore bonhomme, mais justifi\u00e9e. Sous l’apparence de l’ancien, celle des times, new gothic, garamond se glissent les nouveaux films catastrophes, toutes sortes de bandes annonces se r\u00e9pandent sur \u00e9crans, tablettes et t\u00e9l\u00e9phones o\u00f9 les for\u00eats se consument, les glaciers s’effondrent, les oiseaux se taisent, l’humain se d\u00e9shumanise.<\/p>\n
Feuilletonn\u00e9e en modernes kevlar, en techno sanguinolentes \u2013 est-ce l\u00e0, la moderne modernit\u00e9 ? -, soir apr\u00e8s soir, l’apocalypse est annonc\u00e9e. C’est la derni\u00e8re saison, nous annonce la chaine. L’ultime streaming, nous dit le bouquet. Puis viendra l’\u00e9cran blanc, ou bleu, ou gris. En attendant, n’oubliez pas de payer votre abonnement !<\/p>\n
1.0.1<\/p>\n
Voulons-nous y croire \u00e0 ce point ? Y croyons-nous vraiment ? Ne sommes-nous r\u00e9duits – derni\u00e8re jouissance – qu’au tranchant de la hache, au paradoxe de la double imposture : la position d\u00e9pressive, tristesse et perte d’objet d’un c\u00f4t\u00e9 ; le sentiment de pers\u00e9cution de l’autre, une d\u00e9lectation morose devant la moderne et d\u00e9sormais num\u00e9rique colapsologie ?<\/p>\n
1.0.1<\/p>\n
Non, nous n’avons pas oubli\u00e9 que depuis toujours, \u00e9crire, c’est lutter avec l’ange. C’est faire na\u00eetre sous les mots ce qui nous agite et nous envahit parfois. Que rompre d’avec la doxa est la qu\u00eate. Que les pas de c\u00f4t\u00e9, qu’\u00e0 nos risques et p\u00e9rils, dans le silence des chambres, dans le brouhaha des bistrots, nous tentons, sont tremblement toujours : une intimit\u00e9 expos\u00e9e, offerte et refus\u00e9e, le risque assum\u00e9, \u00e0 port\u00e9e de plume et de crayon.<\/p>\n
Non, nous ne sommes pas pris en tenaille. De texte en texte, malgr\u00e9 les apparences parfois, nous ne c\u00e9dons rien. Si nous osons une fois de plus fictions, po\u00e8mes, pense-b\u00eate, voire lamentos, s’il arrive m\u00eame que nous nous d\u00e9lections d’images et de faux semblants, c’est que nous savons que r\u00e9p\u00e9tition vaut aussi cr\u00e9ation. \u00ab\u00a0Je suis un homme ; je consid\u00e8re que rien de ce qui est humain ne m’est \u00e9tranger (1).\u00a0\u00bb Je dis, je redis. \u00c9crivant, je r\u00e9p\u00e8te, je dessine l’objet et, ce faisant, le mets \u00e0 distance.<\/p>\n
Ce que nous produisons et produirons demain encore ? Quelques savoirs sur le monde certes, mais bien plus, une fraternit\u00e9 en \u00e9criture o\u00f9 les points ne s\u00e9parent pas, o\u00f9 mots tr\u00e8s simplement font ciment mais ne dressent aucun mur entre pass\u00e9, pr\u00e9sent et futur.<\/p>\n
En accepterons-nous ici l’augure au moment o\u00f9 Filigranes passe le cap du \u00ab\u00a0cent\u00a0\u00bb ?<\/p>\n
Filigranes (MN)<\/p>\n
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(1) On pense aux grands romanciers du si\u00e8cle pass\u00e9, de Stephan Zweig (\u00ab\u00a0Le monde d’hier\u00a0\u00bb) \u00e0 Joseph Roth, de Thomas Mann \u00e0 Marcel Proust. <\/span> <\/p><\/blockquote>\n<\/blockquote>\n<\/blockquote>\n<\/blockquote>\n<\/blockquote>\n<\/blockquote>\n<\/blockquote>\n<\/blockquote>\n<\/blockquote>\n <\/p>\n <\/p>\n <\/p>\n Didier BAZILE,Les robots <\/p>\n Agn\u00e8s PETIT, Recr\u00e9ation \u00ab\u00a0Faux semblants\u00a0\u00bb, un travail photographique dans les parages de l’\u00e9crivain argentin Adolfo Bioy Casares. Carte blanche \u00e0 Bernard JOSEPH, photographe autodidacte et auteur animateur d’ateliers.<\/p>\n
\n(2) T\u00e9rence.<\/span><\/p>\n\n
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LES TEMPS MODERNES<\/span><\/h2>\n
\nChantal ARAKEL, Connect\u00e9e, d\u00e9connect\u00e9e
\nNatalia VIKHALEVSKY, Un r\u00eave
\nOlivier BLACHE, Vos papiers
\nPaul FENOULT, Si tentant
\nChantal BLANC, O\u00f9 va l’humain
\nJeannine ANZIANI, Trop gal\u00e8re<\/p>\nLA R\u00c8GLE DU JEU<\/span><\/h2>\n
\nAnne-Marie SUIRE, La net attitude
\nClaude BARR\u00c8RE, Toi
\nTeresa ASSUDE, Impressions du code<\/p>\nCURSIVES<\/span><\/h2>\n