Cursives 67
\nEntretien avec Francis Finidori
\n<\/strong>(c) (Photos Francis Finidori – Tous droits r\u00e9serv\u00e9s)<\/span><\/h2>\n

Jean Amado ? J’ai d\u00fb le rencontrer en 1950 chez Ren\u00e9 Benlisa. \u00c0 l’\u00e9poque, je travaillais sur les quais de Marseille et un jour, en rentrant \u00e0 pied, je trouve un petit cube en ma\u00e7onnerie. Il y avait l\u00e0 un caf\u00e9 dont les murs \u00e9taient constell\u00e9s de ganches, en ex-voto. Ces instruments de dockers \u00e9taient engag\u00e9s contre quelques verres. Le patron servait les pastis avec des brocs en forme de phallus, il n’\u00e9tait pas peu fier de ces pi\u00e8ces uniques. Je vois aussi des peintures d’une duret\u00e9, d’une fermet\u00e9 qui m’ont fait penser \u00e0 Artaud.
\n– C’est mon fils, dit le patron.
\n– Je peux le rencontrer ?
\nApr\u00e8s un premier contact, par t\u00e9l\u00e9phone, il m’invite \u00e0 d\u00e9jeuner du c\u00f4t\u00e9 de Saint-Marc Jaumegarde\u2026  Et je d\u00e9couvre une production encore diff\u00e9rente, des projets de c\u00e9ramique\u2026 On devient amis.
\nIl me pr\u00e9sente Amado. On ne s’est jamais plus quitt\u00e9.<\/em><\/p>\n

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La Rencontre<\/b><\/span><\/h2>\n

Filigranes : Comment as-tu eu le projet de ce livre ?<\/strong><\/p>\n

F. F.: Apr\u00e8s un interm\u00e8de aux Beaux Arts, j’ai eu envie de faire de la photo et je suis all\u00e9 dans une \u00e9cole en Sarre en 1954. J’y suis rest\u00e9 un an. Autour de moi, les espaces de la langue et de l’\u00e9criture \u00e9tant d\u00e9j\u00e0 occup\u00e9s, je me suis mis \u00e0 la photographie et me suis retrouv\u00e9 \u00e0 faire les photos des catalogues d’exposition d’Amado. 
\nOn me demandait souvent des textes, le premier a \u00e9t\u00e9 une interview par Jean-Fran\u00e7ois Jaeger, directeur de la Galerie d’art Jeanne Bucher \u00e0 Paris. Je suis devenu presque naturellement, le d\u00e9posi-taire de l’art de Jean Amado, de son \u0153uvre.
\nQuand j’ai rencontr\u00e9 Jean, il ne s’exprimait pas sur sa production, mais peu \u00e0 peu, pendant de longues ann\u00e9es, nous en avons parl\u00e9 ensemble. Il travaillait \u00e0 un paysage qui ne finirait jamais, toujours en train de s’agrandir\u2026 Plein d’une \u00e9nergie irr\u00e9pressible, la d\u00e9rive des continents… Contrairement au Land Art, Jean ne s’emparait pas du paysage, il le cr\u00e9ait.
\nJ’ai souvent collabor\u00e9 au montage de ses expositions avec lui. On \u00e9tait trois ou quatre. A l’\u00e9tranger, les salles d’expositions restent ouvertes au public pendant l’installation. Parfois, un visiteur entrait et demandait si l’artiste allait venir\u2026 Comment aurait-on pu deviner que cet homme en salopette rouge\u2026 \u00e9tait l’artiste ? Jean \u00e9tait un homme d’une grande simplicit\u00e9.<\/p>\n

Filigranes :  A quel moment ce projet de livre catalogue est-il devenu plus concret ?<\/strong><\/p>\n

F. F.: En 1997, La ville d’Aix-en-Provence m’a demand\u00e9 d’organiser une exposition. Ce fut \u00ab\u00a0Jean Amado, trente ans de sculpture\u00a0\u00bb. On a couvert la ville enti\u00e8re. On \u00e9tait trois commissaires. Je me suis beaucoup investi.        
\nEnsuite, en 2004, le Rectorat d’Aix- Marseille a institu\u00e9 une ann\u00e9e Amado. J’ai con\u00e7u une mallette p\u00e9dagogique. J’ai fait des visites comment\u00e9es, des ateliers, des visites de l’atelier\u2026 J’avais accompagn\u00e9 3700 personnes ! Un vrai travail de terrassier.
\nAussi, quand la ville d’Aix-en-Provence a fait entrer Amado au patrimoine, je suis devenu \u00ab\u00a0l’officiel du sujet\u00a0\u00bb, naturellement !
\nLa ville d’Aix a pris conscience, au fil des ann\u00e9es, que le catalogue raisonn\u00e9 de l’\u0153uvre de Jean, manquait. Comme elle me deman-dait des interventions, en contre-partie, j’ai demand\u00e9 le financement du catalogue. Aussit\u00f4t dit, aussit\u00f4t fait.
\nMais en 2005-2006, Madame le Maire liquide mes deux interlocuteurs lettr\u00e9s. La Directrice des mus\u00e9es et le Directeur du patrimoine me re\u00e7oivent longuement, pr\u00eats \u00e0 reprendre le flambeau. Un tour de table financier avec d’autres partenaires institutionnels et un rendez-vous en novembre 2006 apportent les certitudes n\u00e9cessaires \u00e0 sa r\u00e9alisation.<\/p>\n

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Lire la suite de l’entretien\u2026<\/span><\/h2>\n

Cursives 67<\/a><\/span><\/h2>\n

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