Paru dans Cursives N\u00b058<\/span><\/h3>\n

Filigranes a rencontr\u00e9 Karyne Wattiaux, conseill\u00e8re p\u00e9dagogique en alphab\u00e9tisation, animatrice d’ateliers d’\u00e9criture et \u00e9crivain et Mariska Forrest, plasticienne. Elles \u00e9voquent ici leur utopie des mercredis soir : un \u00e9tonnant projet d’\u00e9criture dans lequel un public mixte de \u00ab\u00a0lettr\u00e9s\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0d’illettr\u00e9s\u00a0\u00bb \u00e9crit et produit plastiquement et finit par publier une dizaine de livres\u2026 Un projet dont le r\u00e9cit et l’analyse  nous \u00e9clairent sur la fertilit\u00e9 du principe de coop\u00e9ration et nous invitent \u00e0 inscrire la cr\u00e9ation dans le long temps du partage.<\/strong><\/p>\n

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Commen\u00e7ons par la fin. Vous arrivez au terme d’un projet de cinq ans et demi.<\/span><\/h2>\n

Karyne Wattiaux <\/strong>: Oui, c’est une boucle qui se referme sur une suite de petits  projets qui n\u2019en forment qu\u2019un : mettre en \u0153uvre des projets collectifs tout en permettant \u00e0 chacun d\u2019exp\u00e9rimenter et d\u2019acqu\u00e9rir des savoir faire tant artistiques que solidaires. Au d\u00e9but du projet, nous ne savions pas que nous \u00e9tions au commencement d\u2019aventures multiples qui nous conduiraient jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui. Durant toutes ces ann\u00e9es, nous nous sommes arr\u00eat\u00e9s tous les trois \u00e0 six mois. C\u2019est lors de ces bilans qu\u2019ensemble, nous d\u00e9cidions de poursuivre ou pas et si oui sur quelles bases de travail. Ces moments permettent \u00e0 chacun de se repositionner par rapport \u00e0 ce qu’il a produit, ce qui a eu lieu. De repartir vers d’autres possibles d\u00e9cid\u00e9s ensemble.<\/p>\n

Ce petit peuple de l’utopie<\/span>
\nqui gravite autour du projet<\/span><\/h2>\n

Filigranes <\/strong>: Qui participe \u00e0 ce groupe ?<\/p>\n

Karyne Wattiaux<\/strong>: Il y a d’abord des participants, des \u00ab\u00a0auteurs\u00a0\u00bb. Nous les nommons ainsi car, arriv\u00e9s au terme du projet, leur travail est \u00e9dit\u00e9. Il y a ensuite \u00ab\u00a0les intervenants\u00a0\u00bb, des \u00e9crivains, Mariska qui est plasticienne et moi-m\u00eame. Revenons aux \u00ab\u00a0auteurs\u00a0\u00bb : ce sont d’une part des gens lettr\u00e9s, certains avaient d\u00e9j\u00e0 \u00e0 leur acquis quelques recherches personnelles en \u00e9criture ou en arts plastiques mais c\u2019est plut\u00f4t l\u2019exception. La plupart des lettr\u00e9s sont venus par le bouche \u00e0 oreille, simplement curieux d\u2019essayer quelque chose qu\u2019ils n\u2019avaient jamais fait. Et puis, des illettr\u00e9s, qui au d\u00e9but avaient d\u2019\u00e9normes difficult\u00e9s pour \u00e9crire.<\/p>\n

Filigranes<\/strong> : Ils ne sont pas venus tout seuls !!!<\/p>\n

Karyne Wattiaux<\/strong>: Les illettr\u00e9s sont venus parce qu\u2019ils avaient go\u00fbt\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9criture lors d\u2019ateliers que j\u2019animais dans un centre d\u2019alphab\u00e9tisation. Et notre invitation aux premiers ateliers d\u00e9pos\u00e9e dans les petits commerces du quartier pr\u00e9cisait que c\u2019\u00e9tait gratuit, sans obligation de ma\u00eetriser l’orthographe, d’avoir des id\u00e9es, des choses \u00e0 \u00e9crire.<\/p>\n

Aux lettr\u00e9s qui se sont pr\u00e9sent\u00e9s, nous avons imm\u00e9diatement pr\u00e9cis\u00e9 qu’ils travailleraient avec des illettr\u00e9s et r\u00e9ciproquement. Pour un illettr\u00e9, rencontrer des gens qui ont tout un pass\u00e9 par rapport \u00e0 la chose \u00e9crite, c’est \u00e0 haut risque. Aux lettr\u00e9s je disais : attention vous serez dans un atelier et pas dans un salon, vous n’aurez pas le temps de discuter de leurs \u0153uvres avec les \u00e9crivains. Certaines personnes lettr\u00e9es me disaient, oh mais vous savez, je ne suis pas \u00ab lettr\u00e9e \u00bb, je lis et j\u2019\u00e9cris sans plus. Bref, j’attirais toujours l’attention sur les difficult\u00e9s que les uns et les autres allaient rencontrer. Chaque personne – intervenants inclus – a vite compris qu’elle ne serait pas dans un ronron quotidien, qu’elle serait confront\u00e9e, d’une mani\u00e8re ou d’une autre \u00e0 de l’extra-ordinaire, \u00e0 de l’alt\u00e9rit\u00e9. Toutes reconnaissent d’ailleurs aujourd’hui que c’est bien ce qui s’est pass\u00e9.<\/p>\n

L’enchantement ou l’utopie de nos mercredis soir, c’est que ces personnes – une douzaine – qui habitent un m\u00eame quartier de Bruxelles et qui ne s\u2019\u00e9taient jamais  rencontr\u00e9es auparavant, travaillent ensemble dans la dur\u00e9e. M\u00eame celles qui, pour diff\u00e9rentes raisons, ont quitt\u00e9 le projet, repassent et demandent des nouvelles. Elles font partie de ce petit peuple de l’utopie qui gravite autour du projet, chose que nous n’imagions pas au d\u00e9but. Ces gens viennent parce que le d\u00e9sir d\u2019\u00e9crire, de produire des arts plastiques et de mener \u00e0 bien un projet est plus fort que la fatigue, le mauvais temps ou les obligations. Nous avons r\u00e9ussi \u00e0 d\u00e9fendre la gratuit\u00e9 pour tous et \u00e0 \u00eatre en grande partie subsidi\u00e9s. Nous ne voulions pas que l\u2019argent emp\u00eache certains de venir et en obligent d\u2019autres au nom du \u00ab\u00a0j\u2019ai pay\u00e9 alors, je dois y aller\u00a0\u00bb. Simplement, les personnes d\u00e9sirent venir et savent qu\u2019il est important que chacun soit l\u00e0.<\/p>\n

Filigranes<\/strong> : Combien de personnes avez-vous touch\u00e9es depuis le d\u00e9but ?<\/p>\n

Karyne Wattiaux<\/strong>: Tous participants cumul\u00e9s, nous arrivons \u00e0 une trentaine de personnes de 18 \u00e0 76 ans ! C’est donc aussi un m\u00e9lange interg\u00e9n\u00e9rationnel !<\/p>\n

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Lire la suite\u2026<\/span><\/h2>\n

Cre\u0301ations croise\u0301es<\/a><\/span><\/h2>\n

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<\/p>\n F<\/strong><\/td>\n<\/tr>\n<\/tbody>\n<\/table>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Paru dans Cursives N\u00b058 Filigranes a rencontr\u00e9 Karyne Wattiaux, conseill\u00e8re p\u00e9dagogique en alphab\u00e9tisation, animatrice d’ateliers d’\u00e9criture et \u00e9crivain et Mariska Forrest, plasticienne. Elles \u00e9voquent ici leur utopie des mercredis soir : un \u00e9tonnant projet d’\u00e9criture dans lequel un public mixte de \u00ab\u00a0lettr\u00e9s\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0d’illettr\u00e9s\u00a0\u00bb \u00e9crit et produit plastiquement et finit par publier une dizaine de livres\u2026 […]<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[35,32,38],"tags":[],"_links":{"self":[{"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1389"}],"collection":[{"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=1389"}],"version-history":[{"count":1,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1389\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1391,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1389\/revisions\/1391"}],"wp:attachment":[{"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=1389"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=1389"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"http:\/\/filigraneslarevue.fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=1389"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}