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@L’engagement dans la création – FILIGRANES, revue d'écritures (Écrire en Provence) http://filigraneslarevue.fr Faire de l'écriture un bien partagé Sat, 17 Jun 2023 09:50:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.4 http://filigraneslarevue.fr/wp-content/uploads/2020/03/logo_fili-1.jpg @L’engagement dans la création – FILIGRANES, revue d'écritures (Écrire en Provence) http://filigraneslarevue.fr 32 32 N°112 « Le chêne et roseau » (Végétal vol 2 – 2023) http://filigraneslarevue.fr/2023/06/15/n112-le-chene-et-roseau-vegetal-vol-2-2023/ http://filigraneslarevue.fr/2023/06/15/n112-le-chene-et-roseau-vegetal-vol-2-2023/#respond Thu, 15 Jun 2023 14:56:25 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=2059  

Nous poursuivons ici le cycle « Végétal ».

 

 

L’eau et la terre entretiennent avec la pousse infinie de la vie des arbres des rapports d’amour/haine. Dans ce numéro 112 de Filigranes nous choisissons l’élégie et notre appréhension de la fable de La Fontaine réserve des surprises au lecteur. Celui-ci est appelé à s’identifier aux personnages que La Fontaine a campés pour illustrer un paradoxe : « C’est le plus fort qui est le plus fragile », opposant faiblesse et puissance dans un de ses dialogues ordinaires où il affronte la cour de Louis XIV. La logique serrée de la fable a peut-être éloigné les auteurs. Ont-ils préféré prendre des chemins de traverse plutôt qu’affronter le dénouement qui condamne le chêne à périr ?

Ils deviennent ici spectateurs de la nature, se cachent dans les arbres, partagent la vieillesse et la finitude, s’émeuvent du destin qui attend le chêne malgré́ la majesté de son feuillage. Ils se cachent dans ses bras maternels, s’identifient au dieu totémique paternel. Survivent dans ce temps qu’ils espèrent immobile. Ils projettent dans l’écorce, dans les noyaux, dans les pépins, le renouvellement, la fertilité́, la revanche de la vie sur la mort. La sève peut donner l’encre, le calame et la plume l’outil.L’écriture se dessine, en ombre et lumière, dans la profusion de la forêt, et même sur les façades des villes. Plutôt qu’une opposition du plus fort au plus faible on a des épousailles. Le dialogue négocie le miroir, la main devient verte et la fleur survit au béton.

On arrose toute cette beauté, on renifle son odeur, on la goute, on apprend des saisons qu’elle peut, comme nous, disparaitre. Souplesse et stabilité font plutôt bon ménage puisque tenir droit vous expose à la mort. Comme si la tempête éclatait le végétal pour lui donner la forme de nos rêves. Comme si sa naïveté nous protégeait d’une puissance meurtrière. Rester debout ne donne aucune garantie.

(Édito Arlette Anave)

Sommaire

Fragiles ?

 

Teresa Assude,Traversés par le vent
Thierry Hamy, Les copeaux de l’être
Jacqueline L’Hévéder, Impressions, ciel gris
Agnès Petit, Poussée vespérale
Antoine Durin, Le chêne, le roseau et les gens de la fontaine
Arlette Anave, Une page à soi
Olivier Blache, Sous l’ombre du vieux chêne

 

 

 

 

 

 

 

Fables

 

Jeannine Anziani Le grand Pin et la Cigale
Xavier Lainé Où je deviens chêne
Annie Christau Amandier
Chantal Arakel Le refuge de Doucin
Anne-Claude Simon-Thevand Voilà qui je suis
Chantal Blanc Le chêne et le brin d’herbe
Gislaine Ariey La pomme de terre
Marie-Christiane Raygot Une espèce de concordance
Bernard Bienaimé Entre deux morts & Si j’avais un arbre

 

 

 

Cursives

Entretien avec Michèle Monte, Chemins vers le poème

Version longue pour le site Entretien Michele MONTE -15-02-2023
(Merci de citer ce texte avec la référence http://filigraneslarevue.fr/2023/06/15/n112-le-chene-et…getal-vol-2-2023/

Le regard de Thierry Hamy, calligraphe, Une « mauvaise herbe » et un « parasite »

 

Grains de temps

Jean-Jacques Maredi, In deserto mundi
Laure-Anne Fillias-Bensussan, Débris de vert
Dominique Hébert, Humus
Anne Barbusse, Avril plein
Michèle Monte, Entrez dans la ronde
Marie-Noëlle Hôpital, Vertes lianes et blancs rubans
Claude Ollive, L’arbre
Michel Neumayer, Déjeuner de couleurs
Anne-Marie Suire, L’arbre-momie

 

 

 

Calligraphies, Thierry Hamy
Illustration, Thierry Hamy, couverture
Maquette, Gislaine Ariey

 

 

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N°108 « À l’échelle » vol 1 – « Série Focales » 07/21 http://filigraneslarevue.fr/2022/04/28/n108-a-lechelle-vol-1-serie-focales/ http://filigraneslarevue.fr/2022/04/28/n108-a-lechelle-vol-1-serie-focales/#respond Thu, 28 Apr 2022 21:20:56 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1821

« À l’échelle »
(Focales vol. 1)

 


« Les yeux, quand ils s’ouvrent, découpent dans le visible
comme un ordre du réel » Marc Le Bot (1)

Écrire, c’est regarder le monde et ses paysages, c’est ressentir des émotions, imaginer, anticiper, se souvenir, construire et déconstruire, chercher les mots. Écrire, c’est bâtir et, ce faisant, c’est penser. Sur ce constat s’ouvre une nouvelle série pour Filigranes, trois volumes consacrés au terme, polysémique s’il en est, de focales. Aussi, nous voici pour commencer à traiter d’échelles. Plus tard il sera question de champs et de hors-champs, enfin du sujet écrivant, lisant, produisant lequel « tient l’appareil ».

o o o

 

L’écriture comme fabrique est un monde intermédiaire entre le réel et nous, dit Marco Martella 2. Mais ne s’agira-t-il dans ce présent moment de géométrie poétique que de balayer du regard la gamme de nos choix afin d’un peu mieux savoir ce qu’écrire signifie ? Non.

Certes, cela nous interroge d’évoquer l’éventail, né souvent du hasard, de toutes ces échelles qui dans l’écriture nous poussent vers le ciel. Le désir nous habite d’identifier  celles qui subtilement nous attachent encore à la terre, qui nous cadrent aussi, voire nous enferment parfois. De comparer, texte à texte, nos manières de prélever des fragments d’histoire de nos vies et, comme au cinéma, les monter.

S’ajoutera notre décision de voir le monde tel qu’il est ou feindre de ne pas voir. De comprendre comment à chaque fois, autour de marges plus ou moins grandes, le ruban du texte nait sous nos regards d’auteurs, comment il se déposera sur la feuille. De nous imaginer démiurges à prétendre épuiser le réel ou vouloir à l’inverse en préserver le mystère. De fixer la taille de nos plans, petits ou grands angles, américains ou pas, cédant à ce jeu, cette joie des cadres.

Nous savons que tout en la matière est bien plus qu’une affaire de mise en page. Ainsi donnons-nous à lire quelques aspects disant comment nous travaillons ce qui nous relie au monde et, par là, affirmons nos singularités d’auteurs.

 

o o o

 

 Dans ce premier temps de notre recherche, nous ne nous attacherons qu’à quelques entrées seulement : celle des espaces que l’écriture ouvre ; celle des géographies avec lesquelles écrire nous met en relation ; celle des cultures et langues qui nous traversent et par lesquelles, à travers notre propre création, nous nous prolongeons. Mais à chaque fois que chez le lecteur (il fait le livre3) nous suscitons et espérons en retour de nouvelles inventions, tout nous échappe encore au cœur de diffractions multiples.

Si donc, comme l’affirme Édouard Glissant « la création est rebelle aux discours », saisissons cette chance qui nous est donnée. Témoignons sans fard de notre regard sur le monde tel qu’aujourd’hui nous le percevons et en retour voulons l’imaginer, voire peut-être le transformer.

M.N.

1 Marc Le Bot, https://www.universalis.fr/encyclopedie/marc-le-bot/
2 Les pensées sauvages, Marco Martella https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-jeudi-01-juillet-2021
3 Lire ici Cursives, entretien avec Jean-Claude Villain

 

           

FILIGRANES    
Éditorial

                       

L’ESPACE S’OUVRE
Annie CHRISTAU Vibrations
Chantal ARAKEL. Au-delà des murs…
Arlettte ANAVE Mat              
Teresa ASSUDE Si loin, si près…
Anne-Marie SUIRE Pierre de bornage
Paul FENOULT  Tente sombre           
Laure-Anne FILLIAS-BENSUSSAN Échelles de Jacob
Anne BARBUSSE Le regard-cinéma    

                       

HUMAINES GEOGRAPHIES
Marie-Noëlle HOPITAL Entre ciel et mer
Christine LY Longtemps…
Jeannine ANZIANI Moteur – action !
Agnès PETIT Face à face
Ève-Marie CRUT Jadis
Jean-Jacques MAREDI Sens interdits
Chantal BLANC C’est selon    
Jacqueline L’HÉVÉDER Une date forcement

           

CURSIVES

« Je fais le livre qui me fait » – L’écriture comme  expérience initiatique –
Un entretien avec Jean-Claude Villain,  poète et écrivain. 
Lire l’entretien: cursives 108 jean-Claude Villain

 

CE QUI NOUS TRAVERSE
Françoise SALAMAND-PARKER  Du haut de la dunette
Régine CARNAROLI  Le murier
Michel NEUMAYER Pourparlers
Michèle MONTE Face à face
Anne-Claude SIMON-THEVAND Le temps nacré des galets
Xavier LAINÉ Si petit sur l’échelle du temps 
Marie-Christiane RAYGOT  Ainsi         

                  

Illustrations de couverture et p.18 – 31 – 44 (oeuvres mixtes, sculptures & photos)
Jacqueline L’HÉVÉDER

 

 

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« Je suis née dans une famille italiano-russe où le maître mot était : créer et être soi-même » (Dominique Lombardi) http://filigraneslarevue.fr/2020/06/04/je-suis-nee-dans-une-famille-italiano-russe-ou-le-maitre-mot-etait-creer-et-etre-soi-meme-dominique-lombardi/ http://filigraneslarevue.fr/2020/06/04/je-suis-nee-dans-une-famille-italiano-russe-ou-le-maitre-mot-etait-creer-et-etre-soi-meme-dominique-lombardi/#comments Thu, 04 Jun 2020 20:34:41 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1573  

« Je suis née dans une famille italiano-russe où le maître mot était :
créer et être soi-même »
Un entretien avec Dominique Lombardi, écrivaine, journaliste, cinéaste…

 

C’est dans un tourbillon de pratiques créatives que nous entraine Dominique Lombardi, tour à tour écrivaine, reporter de guerre, cinéaste, musicienne et collection-neuse d’objets de toutes sortes. D’où vient cette « folie créatrice » ? Est-elle conciliable avec une vie d’épouse et de mère ? Le lecteur de Filigranes découvrira au fil de l’entretien ce qui fait lien et qui s’appelle chez Dominique Lombardi « désir de vivre intensément », « rapport à l’autre » et quête de ce que l’Histoire et sa grande hache » (Perec) nous a ravi ».

 

 

 

– 1 –
Entre stylisme, journalisme et cinéma

Filigranes : Tu as, très jeune, multiplié les activités…

Dominique Lombardi : Oui… Autour de 1980, j’ai créé Galène Roucas, une marque de stylisme, ayant été à bonne école avec des parents plasticiens, et aussi parce que j’aimais dessiner ! J’aimais les vêtements originaux. Même si je ne savais pas coudre, j’ai appris sur le tas, je me suis fait des vêtements, ça a plu à des copines.
Mais j’ai aussi très vite publié dans les journaux et magazines. Dans Pupitres, d’abord où j’étais rédactrice en chef adjointe. Le mag avait été créé par une copine et s’occupait de la pratique amateur (musique essentiellement classique). Elle cherchait quelqu’un qui ait des notions de musicologie. Dans Le journal du sida, pour l’ami d’un voisin qui cherchait des
correspondants en province. Dans Marseille information. Je connaissais quelqu’un, qui connaissait quelqu’un, qui connaissait quelqu’un et j’y ai écrit, sans faire pour autant partie du personnel de la mairie. Sur des sujets très politiques quand même. C’est moi qui les choisissais, après on me disait oui ou non. Le seul truc : « citer cinq fois la Ville de Marseille ».

cursives 96

 

L’ouverture vers l’humanitaire

D.L. : L’écriture, la seule matière scolaire où j’étais forte, a toujours été très importante pour moi. J’avais de bonnes notes mais qui baissaient à cause de l’orthographe. On me disait : « Quand on fait des fautes d’orthographe, c’est qu’on est inculte ou qu’on ne lit jamais ! ». Ce n’était pas mon cas, mais bon…

J’ai continué avec des livres. En 1994, 1–2–3 Savine (Éditions de l’Aube), un livre sociologique pour la mairie (DSU), mais réalisé par une personne qui « ne fasse pas peur » aux personnes interviewées. Il s’agissait d’écrire avec les habitants de la Cité de la Savine avant la démolition de plusieurs bâtiments. C’étaient des femmes de diverses communautés qui me racontaient leur arrivée dans ces immeubles. La plupart venaient de quartiers très pauvres, voire de bidonvilles. D’un coup, La Savine, pour elles, c’était le bonheur : salle de bain, chauffage… Mais, contrairement aux sociologues, moi je re-rédigeais et j’en faisais des nouvelles. Le but était que les histoires de ces gens deviennent les histoires d’autres gens, une transmission de récits, pas comme une étude savante. Les textes étaient relus à ces personnes et souvent c’était : « Non, la tapisserie n’était pas verte mais bleue ! ». C’était important pour elles.

Puis, en 1997, il y a eu Cuisines sur rues (1997 – Éd. Bureau des compétences et désirs). La commande était de faire une étude sociologique de la Délégation aux Droits de la femme mais en prenant le parti d’en faire des nouvelles. Douze histoires, douze femmes, douze origines différentes : Russie, Comores, Algérie, Arménie…

Une même question : « Racontez-moi une histoire d’un jour de fête avec les recettes de cuisine qui vont avec ». Les jours de fête ? Baptême, mariage, Noël, l’Aïd ou le retour de quelqu’un que l’on n’a pas vu depuis longtemps. Les recettes comoriennes étaient les plus compliquées parce que tu ne trouves pas les ingrédients ! Elles disaient : « tu remplaces ça, par ça », oui, mais c’est quoi « ça ? »

En 2000, C’est la faute au soleil (Éd. Bureau des compétences et désirs), à la demande de la bibliothèque de Peynier pour un travail avec le club 3ème âge et la Fondation de France. Le procédé était le même : douze à quinze personnes du club me racontaient des moments importants de leur vie entre 1932 et 1952 et encore avec les recettes de cuisine qui vont avec (parce que moi, j’aime bien manger) ! Donc il y avait les pieds-paquets de la Libération, la visite du ministre à l’école pendant le Front Populaire, etc.

Fili : C’est la petite histoire dans la Grande…

D.L. : C’est ce qui me plaît dans tout ce que j’ai fait. Ce sont les choses que les gens ont perçues qui n’ont pas de rapport avec la Grande Histoire, sauf qu’ils se sont pris la Grande comme un mur dans la figure et je mets en forme comment finalement s’en accommodaient. Par exemple, on apprend à manger de l’écureuil. Des lecteurs m’ont dit : « C’est un scandale ». Oui, mais comment expliquer que pendant la guerre, on mange ce qu’on a sous la main ?

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Cursives 96

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http://filigraneslarevue.fr/2020/06/04/je-suis-nee-dans-une-famille-italiano-russe-ou-le-maitre-mot-etait-creer-et-etre-soi-meme-dominique-lombardi/feed/ 1
Anne Chiummo, artiste mime http://filigraneslarevue.fr/2020/06/04/anne-chiummo-artiste-mime/ http://filigraneslarevue.fr/2020/06/04/anne-chiummo-artiste-mime/#comments Thu, 04 Jun 2020 19:29:49 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1553 Cursives parus dans le N°98

Dans les parages du mythe « Rejouer le monde »

 

Je suis née à Marseille, en 1960. Marseille c’est ma ville, c’est toute mon enfance et toute ma vie, jusqu’ à aujourd’hui encore. Sauf, un épisode parisien, de deux années et quelques mois, à la fin des années 80. Le mime était déjà mon métier, et je voulais découvrir de nouvelles pratiques. J’ai notamment fait un stage avec Ludwik Flaszen, cofondateur avec Jerzy Grotowski du Théâtre Laboratoire. Fin des années 90, j’ai créé le Garance Théâtre, une structure pour produire mes spectacles. J’ai choisi Garance par référence au personnage féminin dans Les enfants du paradis de Marcel Carné. C’est un film sur la vie de Jean-Gaspard Debureau, le fameux mime du XIXe siècle et le créateur du Pierrot.

 

Quelle a été votre première rencontre avec le mime ?

Ç’a été une photo. Après le bac, une amie en week-end de stage de mime avec Jacques Durbec, m’a montré une photo d’une fille, le visage maquillée. Ce visage tout blanc a provoqué une émotion. Jacques Durbec avait une compagnie, le Mime Théâtre de Marseille. Je me suis inscrite à ses cours. Il a été mon premier professeur. En 82, j’intègre sa compagnie qui s’installe dans un nouveau lieu, La Nef. Une ancienne église.
Au début, je voulais faire de la peinture. C’était pour ça que je m’étais inscrite aux Beaux-Arts de Marseille. Mais j’aimais déjà le cinéma muet. Je n’étais pas du tout ouverte à être en représentation sur une scène. Je n’aimais pas être exposée aux yeux des autres. J’étais timide et pas du tout physique. Pour revenir au début de mon parcours. En même temps que ma vie à La Nef, je développais ma pratique professionnelle en suivant des stages à Paris avec Pinok et Matho. Je voudrais dire qu’en 2016, elles ont fait paraître un livre, Une saga du mime, sur l’histoire du mime de l’antiquité aux années 70. C’est un apport qui aide à mieux comprendre le mime. Aujourd’hui, elles ont plus de 80 ans et habitent toujours Paris.

 

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Cursives 98

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Thierry Hamy, sculpteur et poète http://filigraneslarevue.fr/2020/05/25/thierry-hamy-sculpteur-et-poete/ http://filigraneslarevue.fr/2020/05/25/thierry-hamy-sculpteur-et-poete/#comments Mon, 25 May 2020 20:45:11 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1540

 

 

Filigranes est allé rencontrer le sculpteur, peintre, calligraphe et poète Thierry Hamy dans son atelier à La Garde (Var), ouvert au public.

Nous sommes aussi allés voir la statue monumentale qu’il a réalisée à Bormes-les-Mimosas et les œuvres  des enfants de Signes réalisées sous sa direction. Après une petite enfance au Sénégal, Thierry a presque toujours vécu dans l’agglomération toulonnaise. Mais il a effectué un séjour très marquant à Calcutta chez Mère Teresa  à l’âge de vingt ans, avec des haltes au retour en Israël, en Jordanie et en Égypte, où il a vécu de ses talents de portraitiste et offert ses services à différentes communautés. Au fil de ses expositions et des cours à ses élèves, ainsi que des spectacles associant calligraphie et chanson auxquels il a participé, il a eu  l’occasion de partager cette passion de la beauté qui le fait vivre et c’est de cela qu’il nous a longuement entretenus.

 

 

Comment es-tu devenu sculpteur ?

 

J’ai commencé à faire de la musique dans un groupe de rock à 11 ans. La découverte du yoga et de la méditation à 14 ans m’a conduit à abandonner la musique pour aller vers quelque chose de plus incarné. Le musicien plaque un accord sur un clavier et déjà il voit des couleurs, un monde s’ouvre à lui, une fenêtre vers l’invisible. Allez faire la même chose avec un bout de bois, un caillou ou de la boue ! Voilà ce que j’ai appris aux Beaux-Arts. J’y suis entré à 15 ans pour apprendre le portrait et vivre de mon art sur les routes du monde. Je ne voulais pas tendre le chapeau comme les musiciens, je préférais avoir une rémunération plus digne que faire la manche. J’ai eu cette chance, à la même époque, de rencontrer l’enseignement de Gandhi. Plusieurs de ses phrases ont été déterminantes dans mon choix professionnel. Il disait par exemple : « L’apprentissage de l’honnêteté, c’est le travail des mains. » ou « Si tu veux changer la société, commence par toi-même. » Et puis, le portrait me permettait d’entrer en résonance avec la personne que j’avais en face de moi, très vite, par le regard, par la fenêtre des yeux. Quand tu fais des portraits, tu peux te plonger dans les yeux de ton modèle, tu lui donnes le meilleur et lui il te donne le meilleur.

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Cursives 91

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Jean Amado ? J’ai dû le rencontrer en 1950 chez René Benlisa – Entretien avec Francis Finidori http://filigraneslarevue.fr/2020/05/23/jean-amado-jai-du-le-rencontrer-en-1950-chez-rene-benlisa-entretien-avec-francis-finidori/ http://filigraneslarevue.fr/2020/05/23/jean-amado-jai-du-le-rencontrer-en-1950-chez-rene-benlisa-entretien-avec-francis-finidori/#comments Sat, 23 May 2020 16:59:21 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1473 Cursives 67
Entretien avec Francis Finidori
(c) (Photos Francis Finidori – Tous droits réservés)

Jean Amado ? J’ai dû le rencontrer en 1950 chez René Benlisa. À l’époque, je travaillais sur les quais de Marseille et un jour, en rentrant à pied, je trouve un petit cube en maçonnerie. Il y avait là un café dont les murs étaient constellés de ganches, en ex-voto. Ces instruments de dockers étaient engagés contre quelques verres. Le patron servait les pastis avec des brocs en forme de phallus, il n’était pas peu fier de ces pièces uniques. Je vois aussi des peintures d’une dureté, d’une fermeté qui m’ont fait penser à Artaud.
– C’est mon fils, dit le patron.
– Je peux le rencontrer ?
Après un premier contact, par téléphone, il m’invite à déjeuner du côté de Saint-Marc Jaumegarde…  Et je découvre une production encore différente, des projets de céramique… On devient amis.
Il me présente Amado. On ne s’est jamais plus quitté.

 

 

La Rencontre

Filigranes : Comment as-tu eu le projet de ce livre ?

F. F.: Après un intermède aux Beaux Arts, j’ai eu envie de faire de la photo et je suis allé dans une école en Sarre en 1954. J’y suis resté un an. Autour de moi, les espaces de la langue et de l’écriture étant déjà occupés, je me suis mis à la photographie et me suis retrouvé à faire les photos des catalogues d’exposition d’Amado. 
On me demandait souvent des textes, le premier a été une interview par Jean-François Jaeger, directeur de la Galerie d’art Jeanne Bucher à Paris. Je suis devenu presque naturellement, le déposi-taire de l’art de Jean Amado, de son œuvre.
Quand j’ai rencontré Jean, il ne s’exprimait pas sur sa production, mais peu à peu, pendant de longues années, nous en avons parlé ensemble. Il travaillait à un paysage qui ne finirait jamais, toujours en train de s’agrandir… Plein d’une énergie irrépressible, la dérive des continents… Contrairement au Land Art, Jean ne s’emparait pas du paysage, il le créait.
J’ai souvent collaboré au montage de ses expositions avec lui. On était trois ou quatre. A l’étranger, les salles d’expositions restent ouvertes au public pendant l’installation. Parfois, un visiteur entrait et demandait si l’artiste allait venir… Comment aurait-on pu deviner que cet homme en salopette rouge… était l’artiste ? Jean était un homme d’une grande simplicité.

Filigranes :  A quel moment ce projet de livre catalogue est-il devenu plus concret ?

F. F.: En 1997, La ville d’Aix-en-Provence m’a demandé d’organiser une exposition. Ce fut « Jean Amado, trente ans de sculpture ». On a couvert la ville entière. On était trois commissaires. Je me suis beaucoup investi.        
Ensuite, en 2004, le Rectorat d’Aix- Marseille a institué une année Amado. J’ai conçu une mallette pédagogique. J’ai fait des visites commentées, des ateliers, des visites de l’atelier… J’avais accompagné 3700 personnes ! Un vrai travail de terrassier.
Aussi, quand la ville d’Aix-en-Provence a fait entrer Amado au patrimoine, je suis devenu « l’officiel du sujet », naturellement !
La ville d’Aix a pris conscience, au fil des années, que le catalogue raisonné de l’œuvre de Jean, manquait. Comme elle me deman-dait des interventions, en contre-partie, j’ai demandé le financement du catalogue. Aussitôt dit, aussitôt fait.
Mais en 2005-2006, Madame le Maire liquide mes deux interlocuteurs lettrés. La Directrice des musées et le Directeur du patrimoine me reçoivent longuement, prêts à reprendre le flambeau. Un tour de table financier avec d’autres partenaires institutionnels et un rendez-vous en novembre 2006 apportent les certitudes nécessaires à sa réalisation.

 

 

Lire la suite de l’entretien…

Cursives 67

 

      

 

 

     
 
 
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Une ignorance jamais comblée – Entretien avec José-Flore Tappy http://filigraneslarevue.fr/2020/05/23/une-ignorance-jamais-comblee-entretien-avec-jose-flore-tappy/ http://filigraneslarevue.fr/2020/05/23/une-ignorance-jamais-comblee-entretien-avec-jose-flore-tappy/#respond Sat, 23 May 2020 16:44:14 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1463 Cursives 66
Entretien avec José-Flore Tappy
 

José-Flore Tappy est née à Lausanne en 1954. Elle travaille dans la recherche littéraire et l’édition de textes à partir d’archives d’écrivains, au Centre de recherches sur les lettres romandes (Université de Lausanne).

Elle a conçu et réalisé l’exposition Jaccottet poète qui présentait en 2005 à Lausanne d’une part les années de formation de Jacottet et ses interlocuteurs privilégiés – maîtres, amis, artistes, éditeurs -, d’autre part son travail d’écrivain à partir d’un choix de manuscrits.

En collaboration avec Marion Graf, elle a réalisé une Anthologie de la poésie en Suisse romande depuis Blaise Cendrars, publiée en 2005 chez Seghers. Elle a publié 4 recueils de poèmes Errer mortelle, Pierre à feu, Terre battue et Lunaires et un cinquième recueil intitulé Hangars va paraître à l’automne 2006. Elle a écrit également des textes consacrés à des artistes et traduit des poètes de langue espagnole ainsi que la poétesse russe Anna Akhmatova. Elle a bien voulu prendre le temps de répondre à nos questions.

 

Une ignorance jamais comblée
 

Filigranes : Vous avez déjà derrière vous 4 recueils de poésie publiés et un livre écrit en collaboration avec un sculpteur. Y a-t-il eu un moment inaugural où vous avez pris conscience que vous étiez poète ou bien est-ce venu progressivement, peut-être grâce en partie au regard d’autrui ?

José-Flore Tappy : J’ai toujours eu de la peine à me désigner comme « poète ». Le regard d’autrui, l’atten-te qu’on a de vous sont, en revanche, déterminants, et surtout le Prix C. F. Ramuz de poésie reçu en 1983, qui a entraîné la publication de mon premier manuscrit. À partir de là, vous devenez pour les autres quelque chose – ou quelqu’un de plus précis. Mais suis-je « poète » ? Voilà un mot bien trop grand, ou bien trop petit… On est tant de choses à la fois, et des choses tellement ordinaires ! Disons que j’écris de la poésie.

Filigranes : Comment définiriez-vous le fait d’être poète ? est-ce un métier, une tâche, un état intermittent, un mode d’être … ?

J-F.T. : Pas un mode d’être… je dirais un état intermittent. Comme une sorte de vie parallèle, discontinue, en retrait de la vie publique. Autant l’activité sociale privilégie la rapidité, la sûreté de soi, la réussite, la ligne droite, autant l’écriture, elle, s’élabore dans le doute, le détour, l’inquiétude, à l’écoute des discordances qui nous fragilisent. Mais c’est la vulnérabilité qui rend humain… Pour ma part, j’ai toujours eu besoin d’entretenir cette activité souterraine, lente, patiente, qui permet une communication différée, loin des pressions extérieures : une communication où les mots, la parole ont le temps de mûrir.
Lorsqu’on publie, qu’on entre dans le monde du livre et des transactions éditoriales, écrire devient aussi un métier ; mais je préfèrerais le mot  » travail « , qui dit mieux le labeur, l’effort, l’incertitude, une ignorance jamais comblée, et la peur devant le vide…  » Métier  » pourrait faire croire à un  » savoir-faire « , qui n’existe pas…

 

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Cursives 64

 

 

      

 

 

  
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La pédagogie est-elle une création ? – Un entretien avec Antoinette Battistelli http://filigraneslarevue.fr/2020/05/23/la-pedagogie-est-elle-une-creation-un-entretien-avec-antoinette-battistelli/ http://filigraneslarevue.fr/2020/05/23/la-pedagogie-est-elle-une-creation-un-entretien-avec-antoinette-battistelli/#respond Sat, 23 May 2020 14:21:49 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1437

 

Filigranes propose dans ce Cursives  62 (2004)
un entretien avec Antoinette Battistelli,

professeur des écoles et maître formateur.

 

L’échange porte sur les liens entre démarche pédagogique  et démarche créatrice.
Antoinette Battistelli est plasticienne à ses heures, elle participe aux travaux du GFEN Provence, elle conçoit et anime avec ses pairs des ateliers de création, mais surtout elle invente pour ses élèves de Cours élémentaire (7/8 ans) et ses stagiaires de l’IUFM des situations d’apprentissage appuyées sur l’activité créatrice. L’entretien fait suite à une matinée passée en classe avec elle et ses élèves.

Créer, c’est accumuler et transformer

Filigranes : L’idée que nous avons en tête, c’est celle d’une comparaison possible entre la pédagogie comme acte de création et la création proprement dite, plastique notamment. C’est la première fois que nous abordons cette question dans Filigranes. Quels parallèles vois-tu ?
Antoinette Battistelli : Je me suis souvent interrogée sur les raisons pour lesquelles, à titre personnel, je crée si peu plastiquement et sur la place qu’occupe dans ma vie ce que je fais en classe avec mes élèves, que je considère comme des créations.
Un premier élément qui à mes yeux fait lien, c’est la notion de transformation. En création, on ne part pas de rien (je pense à Picasso allant voir les Inuits et les Africains avant de peindre ses portraits), en pédagogie non plus. Quand je lis telle ou telle séance dans le livre du maître, je me dépêche de la transformer, de la transposer, de faire des liens avec d’autres sujets ou d’autres matières à enseigner.
Filigranes : Quelle gestion du temps cela suppose-t-il ?
AB : Le temps de la création, c’est celui de l’urgence, mais il est précédé d’une lente maturation. Au départ, on ne sait pas où l’on va. On n’est pas toujours conscient. On y va parce que c’est sa manière à soi de s’exprimer. Pendant ce temps de gestation, on lit, on regarde des choses qui ne sont pas forcément en lien avec ce qu’on veut faire. Mais cela va forcément servir.
Filigranes : C’est l’expression de Philippe Mérieu : « la sédimentation obsessionnelle » !
AB : Oui, cette sédimentation, est une sorte d’automatisme. On fait des choses apparemment « sans y penser ». Prenons l’exemple d’un travail fait en classe à partir de Renoir, à l’occasion de la Fête des Mères. Il y a deux ans, avec ma mère, nous avons voulu trier des photos familiales. C’est en les triant que j’ai vu une photo, que j’ai mise en relation avec le tableau de Renoir : « La blanchisseuse ou Aline et Pierre ». Je me suis vue dans les bras de ma mère… Au cours de l’année scolaire qui a suivi, j’ai décidé que nous travaillerions en classe à partir de ce tableau qui donne à voir et saisir la tendresse. Et voilà, le travail de classe se met en route, et on va même plus loin : de la blanchisseuse, on déborde sur les progrès ménagers, une question qui est au programme d’histoire, et l’on va chercher ailleurs encore…

 

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La pédagogie est une création

 

Graphisme de Marc Lassere

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Mettre l’écriture en travail. – Séminaire des 20 ans de la revue http://filigraneslarevue.fr/2020/05/22/mettre-lecriture-en-travail-seminaire-des-20-ans-de-la-revue/ http://filigraneslarevue.fr/2020/05/22/mettre-lecriture-en-travail-seminaire-des-20-ans-de-la-revue/#respond Fri, 22 May 2020 16:37:57 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1392  

 

 

 

 

 

 

 

 

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« Créations croisées, savoirs solidaires ». – Entretien avec Karyne Wattiaux http://filigraneslarevue.fr/2020/05/22/creations-croisees-savoirs-solidaires-entretien-avec-karyne-wattiaux/ http://filigraneslarevue.fr/2020/05/22/creations-croisees-savoirs-solidaires-entretien-avec-karyne-wattiaux/#respond Fri, 22 May 2020 16:20:17 +0000 http://filigraneslarevue.fr/?p=1389 Paru dans Cursives N°58

Filigranes a rencontré Karyne Wattiaux, conseillère pédagogique en alphabétisation, animatrice d’ateliers d’écriture et écrivain et Mariska Forrest, plasticienne. Elles évoquent ici leur utopie des mercredis soir : un étonnant projet d’écriture dans lequel un public mixte de « lettrés » et « d’illettrés » écrit et produit plastiquement et finit par publier une dizaine de livres… Un projet dont le récit et l’analyse  nous éclairent sur la fertilité du principe de coopération et nous invitent à inscrire la création dans le long temps du partage.

 

Commençons par la fin. Vous arrivez au terme d’un projet de cinq ans et demi.

Karyne Wattiaux : Oui, c’est une boucle qui se referme sur une suite de petits  projets qui n’en forment qu’un : mettre en œuvre des projets collectifs tout en permettant à chacun d’expérimenter et d’acquérir des savoir faire tant artistiques que solidaires. Au début du projet, nous ne savions pas que nous étions au commencement d’aventures multiples qui nous conduiraient jusqu’à aujourd’hui. Durant toutes ces années, nous nous sommes arrêtés tous les trois à six mois. C’est lors de ces bilans qu’ensemble, nous décidions de poursuivre ou pas et si oui sur quelles bases de travail. Ces moments permettent à chacun de se repositionner par rapport à ce qu’il a produit, ce qui a eu lieu. De repartir vers d’autres possibles décidés ensemble.

Ce petit peuple de l’utopie
qui gravite autour du projet

Filigranes : Qui participe à ce groupe ?

Karyne Wattiaux: Il y a d’abord des participants, des « auteurs ». Nous les nommons ainsi car, arrivés au terme du projet, leur travail est édité. Il y a ensuite « les intervenants », des écrivains, Mariska qui est plasticienne et moi-même. Revenons aux « auteurs » : ce sont d’une part des gens lettrés, certains avaient déjà à leur acquis quelques recherches personnelles en écriture ou en arts plastiques mais c’est plutôt l’exception. La plupart des lettrés sont venus par le bouche à oreille, simplement curieux d’essayer quelque chose qu’ils n’avaient jamais fait. Et puis, des illettrés, qui au début avaient d’énormes difficultés pour écrire.

Filigranes : Ils ne sont pas venus tout seuls !!!

Karyne Wattiaux: Les illettrés sont venus parce qu’ils avaient goûté à l’écriture lors d’ateliers que j’animais dans un centre d’alphabétisation. Et notre invitation aux premiers ateliers déposée dans les petits commerces du quartier précisait que c’était gratuit, sans obligation de maîtriser l’orthographe, d’avoir des idées, des choses à écrire.

Aux lettrés qui se sont présentés, nous avons immédiatement précisé qu’ils travailleraient avec des illettrés et réciproquement. Pour un illettré, rencontrer des gens qui ont tout un passé par rapport à la chose écrite, c’est à haut risque. Aux lettrés je disais : attention vous serez dans un atelier et pas dans un salon, vous n’aurez pas le temps de discuter de leurs œuvres avec les écrivains. Certaines personnes lettrées me disaient, oh mais vous savez, je ne suis pas « lettrée », je lis et j’écris sans plus. Bref, j’attirais toujours l’attention sur les difficultés que les uns et les autres allaient rencontrer. Chaque personne – intervenants inclus – a vite compris qu’elle ne serait pas dans un ronron quotidien, qu’elle serait confrontée, d’une manière ou d’une autre à de l’extra-ordinaire, à de l’altérité. Toutes reconnaissent d’ailleurs aujourd’hui que c’est bien ce qui s’est passé.

L’enchantement ou l’utopie de nos mercredis soir, c’est que ces personnes – une douzaine – qui habitent un même quartier de Bruxelles et qui ne s’étaient jamais  rencontrées auparavant, travaillent ensemble dans la durée. Même celles qui, pour différentes raisons, ont quitté le projet, repassent et demandent des nouvelles. Elles font partie de ce petit peuple de l’utopie qui gravite autour du projet, chose que nous n’imagions pas au début. Ces gens viennent parce que le désir d’écrire, de produire des arts plastiques et de mener à bien un projet est plus fort que la fatigue, le mauvais temps ou les obligations. Nous avons réussi à défendre la gratuité pour tous et à être en grande partie subsidiés. Nous ne voulions pas que l’argent empêche certains de venir et en obligent d’autres au nom du « j’ai payé alors, je dois y aller ». Simplement, les personnes désirent venir et savent qu’il est important que chacun soit là.

Filigranes : Combien de personnes avez-vous touchées depuis le début ?

Karyne Wattiaux: Tous participants cumulés, nous arrivons à une trentaine de personnes de 18 à 76 ans ! C’est donc aussi un mélange intergénérationnel !

 

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Créations croisées

 

 
   

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